Creully sur Seulles - Réconfort de la table lors d'une kermesse (années 1970)

 C'est autour d'un bon repas que les participants de la fête se retrouvent à Creully.


Creully (Creully sur Seulles) - Les cycles Bertaud rue de Caen



Publicité dans un programme de la Fête Saint-Clair du 21 juillet 1929


Carte postale publicitaire

La famille Bertaud devant le magasin de la rue de Caen
 
Rassemblement de cyclistes devant le magasin Bertaud
C'était ici...

Colombiers sur Seulles - 1846 - « Levez-vous ! Au secours ! À la garde ! »

 

Dans la nuit de samedi 2 à dimanche 5 mai 1846, entre onze heures et minuit, la commune de Colombiers-sur-Seulles fut mise en émoi. De toutes parts, on criait : « Levez-vous ! Au secours ! À la garde ! » Et chacun de se lever et d’accourir. La garde nationale fut requise, et le commandant de cette milice citoyenne se retrouva bientôt à la tête de quatorze hommes, dont le premier était le maître d’école, armé d’un bâton d’environ trois mètres de long.

Les autres citoyens s’armèrent de pelles, de fourches, de râteaux et d’autres instruments aratoires ; il ne manquait plus qu’une charrue en guise de canon. On eût dit une véritable armée révolutionnaire.

Que se passait-il donc ? Des voleurs avaient été signalés dans l’église ! On proposa d’envoyer chercher les gendarmes à Creully, de prévenir le maire, d’aller à Caen avertir le procureur du roi. Un malin suggéra même de sonner le tocsin. « Mais pour sonner le tocsin, » fit remarquer un troisième, « encore faut-il entrer dans l’église ! »

— Entrons !

        On introduisit la clé dans la serrure, la porte s’ouvrit… et que trouva-t-on ? Le custos, éclairé par une lanterne sourde, en train de balayer le temple.

Chacun fut vexé d’avoir été réveillé en sursaut. Bientôt, l’exaspération atteignit son comble, et il s’en fallut de peu pour que l’on ne lapidât le malheureux.

Cependant, le commandant, après lui avoir fait rendre non pas son épée, mais son balai, lui demanda pourquoi il balayait à une heure si tardive. Le custos répondit :

— J’avais envie d’aller à la foire demain, alors je mettais tout en ordre pour pouvoir partir.

Force fut aux assiégeants victorieux de se retirer sans punir le custos.

Et voilà comment, en cette mémorable nuit de mai 1846, le bourg de Colombiers fut mis en alerte.

L'écrit retrouvé mentionne "Colomby sur Seulles"...

L'enfant "pompier" qui lutta contre l'incendie de Creully en 1840.

 La presse dont le journal "le temps" dans son édition de Paris relatait qu'un enfant avait participé à lutter contre l'incendie qui embrasait Creully en novembre 1840.

Voici son histoire.

Le 17 novembre 1840, le village de Creully fut enveloppé par une nuit d’horreur. Les flammes, déchaînées par un vent féroce, ravageaient tout sur leur passage, réduisant en cendres près de 80 % des maisons. Le ciel, zébré par l’éclat rougeoyant de l’incendie, illuminait les visages terrifiés des habitants qui fuyaient, des larmes de désespoir dans les yeux.

Au loin, le grondement des sabots résonnait : pour venir en aide aux sapeurs-pompiers de Creully, ceux de  Caen accouraient, déterminés à arracher ce petit bourg à l’étreinte mortelle du brasier. Parmi eux, une silhouette inhabituelle se glissait entre les hommes. C’était un enfant, pas plus haut que trois pommes, mais dont les yeux vifs trahissaient une intelligence remarquable. Son nom : Denier.

Le jeune garçon, témoin de ce drame, ne resta pas à l’écart. Usant de son esprit vif et de son courage rare, il se rendit utile parmi les pompiers. Qui pour transmettre un seau, qui pour rassurer une vieille femme en pleurs. Sous les regards admiratifs des hommes en uniforme, le petit Denier devint une source d’inspiration, un symbole d’espoir au milieu des cendres.

Quand enfin les flammes furent vaincues et que la paix revint sur Creully, la compagnie de Caen convia le garçon à partager les modestes rafraîchissements qui suivaient habituellement leurs exploits. Ils avaient trouvé en lui bien plus qu’un simple enfant curieux : une âme vaillante, forgée par la vie avant l’heure. Dès ce jour, il devint l’“enfant du régiment”.

Mais la vie, souvent cruelle, avait réservé d’autres épreuves à Denier. Son père, lui-même pompier, perdit tragiquement la vie lors de l’extinction d’un autre incendie, à Beaulieu, à Caen. Orphelin, le petit garçon aurait pu sombrer dans la solitude. Mais les liens qui l’attachaient à cette grande famille de pompiers se firent plus solides encore.

Un dimanche, lors d’une revue, le capitaine Jobert rassembla ses hommes autour de Denier. D’un ton grave mais chargé de tendresse, il rappela l’histoire émouvante de cet enfant courageux, protégé par leur communauté. Puis, dans un élan d’humanité, il lança une question :
— Messieurs, qui parmi vous serait prêt à prendre ce garçon sous son aide et à lui apprendre un métier pour assurer son avenir ?

À peine eut-il fini qu’une clameur s’éleva. Vingt voix généreuses proposèrent leur aide. Mais un homme, plus rapide que les autres, sortit des rangs. C’était M. Becquémié, serrurier de la rue Saint-Martin. Il s’avança avec fermeté, prit la main du garçon et déclara :
— Moi, capitaine. Je m’engage à faire de ce brave garçon un honnête homme et un bon ouvrier.

Les larmes jaillirent des yeux de Denier alors qu’il se jeta au cou de son bienfaiteur, murmurant des mots de gratitude. L’émotion de la scène était contagieuse ; hommes et spectateurs, tous furent bouleversés par cet instant de pure humanité.

Les journaux du Calvados firent grand cas de cette belle histoire, rappelant à tous la force de la solidarité et le pouvoir du courage, même dans les heures les plus sombres. Quant à Denier, il trouva dans le feu et l’acier une famille, un métier, et la promesse d’un avenir digne de celui qu’il était destiné à devenir.

1857 Creully (Creully sur Seulles) - Tilly sur Seulles une affaire de foire à la louerie

CONSEIL GÉNÉRAL DU CALVADOS
La commune de Tilly-sur-Seulles demande que sa foire de la Madeleine, qui se tient chaque année le 22 juillet, soit reportée au dimanche le plus rapproché de cette date.
La Madeleine de Tilly sur Seulles

SÉANCE DU 31 AOUT 1857
Le Conseil, prenant en considération cette réclamation, est d'avis qu'il y a lieu de l'accueillir.
Le Conseil général,
Vu la délibération du conseil municipal de la commune de Tilly-sur-Seulles, en date du 23 novembre 1856, demandant que la foire dite de la Madeleine, qui se tient dans cette commune le 22 juillet de chaque année, soit transférée au dimanche le plus rapproché de cette date du 22 juillet;
Vu les délibérations des conseils municipaux des 77 communes intéressées, notamment celle de Creully, en date du 9 août 1857;
La foire de Tilly
Vu les délibérations des conseils d'arrondissement de Caen, de Bayeux et de Vire ;
Vu l'avis de la chambre consultative d'agriculture de l'arrondissement de Caen ,en date du 5 juin 1857 ;
Vu le rapport de M. le Préfet ;
Considérant que la foire de la Madeleine, établie à Tilly le 22 juillet de chaque année, est plutôt une foire-louerie ou assemblée de promeneurs qu'une foire commerciale ; qu'il en résulte donc qu'une réunion de cette nature n'a aucune chance de succès, surtout à l'époque de la moisson, si elle n'est fixée à un dimanche; qu'il paraît juste de donner cette satisfaction à une commune chef-lieu de canton ;
Que sur les 77 communes consultées, 59 ont émis un avis favorable à la demande de Tilly, 14 un avis contraire et 4 ne se sont pas prononcées ;
La louerie de Creully
Que la commune de Creully, qui se trouve au nombre des opposantes, possède,il est vrai, une foire-louerie, établie le 18 juillet de chaque année, et qu'elle allègue qu'à raison de sa proximité avec Tilly, le changement réclamé par cette dernière commune pourrait lui être très préjudiciable, puisqu'en admettant le changement, ces deux foires-loueries devraient se trouver le même jour cinq fois sur sept;
La foire de Creully
Mais qu'il paraît juste d'admettre qu'en raison de la distance séparant les deux bourgs de Tilly et Creully (16 kilomètres environ), il ne pourrait y avoir aucun inconvénient à ce que les deux foires-loueries se tiennent parfois le même jour, et que rien ne semble faire supposer qu'elles puissent se préjudicier réciproquement ;
Est d'avis qu'il y a lieu de fixer à l'avenir la foire de la Madeleine de Tilly au dimanche le plus rapproché du 22 juillet de chaque année.

Ver sur Mer - La légende de la sentinelle de pierre : la "Tour du Fol"

C'était un lieu étrange, presque ensorcelé, où les légendes dansaient encore au crépuscule. Là-bas, à l'angle de la plage, près de l’embouchure d’une petite rivière portant le doux nom de Provence, se dressait autrefois une tour imposante. À l’ombre de ses créneaux et de ses mâchicoulis, elle semblait surveiller les âmes et les marées, défiant le temps et les envahisseurs. On l’appelait La Tour du Fol.

Les anciens prétendaient que cette sentinelle de pierre avait été érigée bien avant l’invasion de la Bretagne (Angleterre) par César et ses légions. Pourtant, nul historien, ni même les érudits les plus opiniâtres, n’ont pu en percer les mystères. Les vieilles pierres murmurent que les Romains, désireux de contenir les rébellions gauloises et de sécuriser leurs conquêtes, bâtirent cette forteresse pour scruter l’horizon, prêts à repousser tout adversaire.

Parmi les hommes qui arpentaient les murailles de cette tour, un centurion

nommé Carus avait laissé une empreinte profonde. Cet officier romain, aguerri et droit, était aussi père. Sa fille Livie, jeune femme à l’éclatante beauté, illuminait ces lieux austères de sa grâce. Dix-huit printemps avaient suffi à façonner son éclat. Avec ses longs cheveux noirs comme l'aile d’un corbeau et ses yeux limpides comme le ciel par une nuit d’été, elle était un poème vivant. Sa beauté n’était pas seulement celle des traits, mais aussi celle d’un cœur pur et aimant.

Livie avait grandi dans l’enceinte protectrice de la forteresse, loin des tumultes du monde extérieur. Mais ce monde finit par la trouver. Une soirée de printemps changea tout. Sous les cieux baignés d’une lueur douce, elle croisa le regard de Verbrenn, un chef gaulois à la bravoure aussi légendaire que son orgueil. Captivé, l’homme ressentit un bouleversement profond en voyant cette silhouette drapée de blanc. Elle semblait à la fois divine et humaine, inaccessible mais si proche. De ce premier échange silencieux naquit une passion aussi brûlante que les braises d’un feu sacré.

Pourtant, leur amour naissant était voué à braver la violence des temps. Verbrenn, malgré ses sentiments, était un rebelle dont la colère et le courage inspiraient les opprimés. À l’appel des Druides et des dieux celtiques, il devint le fer de lance d’une insurrection contre l’envahisseur romain. Une nuit sombre, alors que la forteresse dormait, les Gaulois lancèrent leur assaut. Les cris féroces des assaillants et le tintement des armes rompirent la quiétude. Les gardes furent pris par surprise ; la garnison périt.


Carus, le centurion, tomba en défendant l’honneur de Rome et de sa fille. Livie, dans l’effroi de l’attaque, se retrouva capturée. Quand elle ouvrit les yeux, c’est Verbrenn qu’elle vit, les bras encore marqués par la lutte, mais ses yeux remplis d’un amour dévorant. Si la guerre avait fait d’eux des ennemis, leur passion résonnait comme une trêve secrète. Cependant, en apprenant la mort de son père, Livie sentit la douleur balayer son amour comme un ouragan.

Elle s’empara de l’arme de Verbrenn, se métamorphosant en une lionne de vengeance. Avec une force presque surnaturelle, elle se battit contre ses propres sentiments, contre les vainqueurs qui l’entouraient. Mais son cœur ne trouva ni victoire ni repos. Elle chuta, le corps percé de coups.

Verbrenn, terrassé par le chagrin, se tint près d’elle, incapable d'accepter cette perte. Le guerrier, que ni Rome ni les armes n’avaient pu abattre, s’effondra. Leur union avait défié les lois humaines et les ordres divins. La mort seule s’était imposée.

Les nuits de pleine lune, dit-on, deux silhouettes lumineuses hantent l’ancienne tour. Verbrenn, le héros des Gaules, et Livie, la fière Romaine, marchent côte à côte, unis par l’éternité. Car si la guerre avait ravagé leurs vies, l’amour, dans sa pureté éternelle, avait triomphé du temps et de la mort.

     A la fin du 19e siècle, Georges Lanquest, directeur du journal "le Home" à Paris, fit construire un lotissement appelé "hameau du Petit Trianon" où fut érigé un "temple de l'Amour". On dit que ce fut sur l'emplacement de la "Tour du Fol". Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 l'ensemble est bombardé, seule la maison du garde est épargnée.


Source : Livre de G Lanquest paru en 1907.

La légende de la demoiselle de Courseulles

 Les seigneurs de Courseulles disposaient non seulement de droits de pêcheries et de pêche, mais ils jouissaient également d’un autre privilège, appelé « tentes à oiseaux » ou simplement « tentes ». Dans les marais proches de la mer, se trouvaient des mares appelées « canardières ». Près de ces mares, on installait des abris, tels que des huttes ou des tentes, permettant aux chasseurs de se dissimuler pour attendre et abattre les oiseaux sauvages. Aujourd’hui, cette pratique est connue sous le nom de chasse au gabion.

Cela nous amène à se souvenir de l'histoire de "la demoiselle de Courseulles". 

"Jentil femme, gente pucelle,
Sos ciel ne trovast l'ons plus belle,
Ne plus sage, ne plus corseise."

Laissons Silviane et Germaine nous la conter: 

Sylviane : Tu connais l’histoire des marais de Courseulles ?

Germaine : Un peu, mais raconte-moi. J’ai toujours entendu dire que ça avait
causé bien des disputes.

Sylviane : Oh oui, les marais étaient au cœur de nombreux conflits entre les seigneurs et leurs hommes. Chacun réclamait la propriété et l’usage des terres. Ça a donné lieu à des procès interminables, qui remontent jusqu’à 1460 et se sont poursuivis pendant des siècles.

Germaine : Quel bazar ! Et cette fameuse digue, elle date de quand ?

Sylviane : Après un gros coup de mer qui a détruit la dune protégeant les terres, ils ont dû construire une digue de 200 mètres. En plus, ils ont installé un aqueduc à clapet pour drainer l’eau des marais à basse mer.

Germaine : Ils ne manquaient pas d’imagination, ces anciens. Mais attends, ce n’est pas tout, non ? Il me semble qu’il y avait une histoire de jeune fille qui s’était aventurée là-bas.

Sylviane : Ah, la belle histoire ! Une jeune fille de Courseulles, douce et jolie comme un agnelet, s’est un jour retrouvée coincée dans une mare des marais. Heureusement, son chien, Stop, s’est mis à hurler et a attiré un baron qui chassait non loin de là avec deux amis.

Germaine : Et le baron l’a sauvée ?

Sylviane : Oui, mais pas sans conditions ! Il lui a demandé : « Que nous donneras-tu, la belle, si nous te sortons de là ? » Tu sais ce qu’elle a répondu ?

Germaine : Non, dis-moi !

Sylviane : « Sortez-moi d’abord, et après, on verra ! » Une fois hors de l’eau, l’un des seigneurs a réclamé un baiser et son cœur. Mais elle a tenu tête : « Mon cœur n’est pas pour un baron, mais pour mon Pierre, mon mignon ! » Elle a ensuite fait un salut élégant et est partie, suivie de son chien.

Germaine : Quelle audace ! Et ensuite, qu’est-il arrivé ?

Sylviane : Eh bien, les seigneurs ont raconté l’histoire à la baronne au château. Elle a été tellement impressionnée par la sagesse et la vertu de la jeune fille qu’elle l’a convoquée. La baronne lui a promis une dot pour son mariage avec Pierre. En plus, elle a proposé de couvrir tous les frais d’église, selon les anciens statuts synodaux « de Patrimonio » (voir ci-dessous).

Germaine : Quelle belle fin ! Comme quoi, rester fidèle à son amour finit parfois par porter ses fruits.

Sylviane : Absolument. Une vraie leçon de courage et de droiture.




La statue de Louis XVI sur la place de l’église de Creully.

La plus ancienne photographie de la place de l'église, datant probablement de 1870, nous permet d'apercevoir une colonne, source de bien des interrogations.

Collection de Michel Fafin
Pourquoi cette maçonnerie devant l'église saint Martin ?


Ainsi commence une nouvelle recherche dans les archives, qu'elles soient départementales ou nationales, pour un passionné d'histoire locale.


En 1821, la municipalité de Creully, dans le Calvados, a exprimé le souhait d’ériger une statue en l’honneur de Louis XVI. Cette demande s'inscrivait dans un mouvement plus large de réhabilitation du roi après la Restauration (1814-1830), lorsque la monarchie fut rétablie sous Louis XVIII.

La délibération du conseil municipal de Creully

Aujourd’hui six janvier mil huit cent vingt un,
Nous Jacques Paul Morice, maire de la commune de Creully, avons convoqué extraordinairement Mr les membres composant le conseil municipal de cette commune, conformément à la lettre de Mr le préfet du Calvados daté du 12 de ce mois.
Lesquels réunis sous notre présidence ont pris la décision suivante ;
-                     Ayant entendu le rapport que Mr le maire nous a fait sur l’intention où il était d’ériger sur la place de ce bourg un monument à la mémoire du Roi Louis XVI et sur la demande qu’il leur fait de voter une somme pour faire face à cette dépense :
-                     Considérant que l’érection de ce monument est une preuve nouvelle de l’attachement des habitants de la commune à la dynastie régnante, et par conséquence ne peut être que très agréable à tous les administrés ;
-                     Considérant que les fonds communaux peuvent être mieux employés qu’à transmettre à la postériorité un témoignage durable des bons sentiments qui unissent les habitants de Creully ;
-                      Considérant l’offre avantageuse que fait Mr le maire de faire l’avance d’une somme de trois mille six cents francs, sans intérêts, dont il serait remboursé par tiers les premiers fonds disponibles des trois années mil trois cent vingt-deux, mil huit cent vingt trois et mil huit cent vingt-quatre ;
 
Par ces motifs.
Le conseil à d’une voix unanime adopté le projet de Monsieur le maire, et a voté pour être mis à la disposition pour la confection de l’ouvrage à faire, la somme de trois mille six cents francs qui sera prise par tiers sur les premiers fonds disponibles des revenus communaux des années 1822, 1823 et 1824 et ont prié Mr le maire de faire connaître par la voie des journaux le projet d’érection du monument dont ainsi qu’à Monsieur Paysant, receveur de l’enregistrement en ce bourg.
Et la présente délibération qui a été arrêtée à Creully au lieu ordinaire des séances du conseil municipal des dits jours et an que dessus, et qui a été signé par Mrs les membres du conseil et Monsieur le maire, leur président.
(Reproduction du texte sans modifications grammaticales ou d'orthographe)

Lettre du maire au Ministre Secrétaire d'état du département de l'Intérieur :


Le devis estimatif :

Le plan retrouvé du projet :

Le projet de statue.

Oldelly, sculpteur statuaire , elève des écoles italienne et française, avantageusement connu à Paris, par ses ouvrages, possédant l'art de saisir la parfaite ressemblance a était directeur de l'école d'architecture et de sculpture de Caen.
La presse prit la plume pour relater ce projet "Creullois" comme l'Observateur Neustrien qui fit un article critique.
L'Observateur neustrien était un journal publié au XIXe siècle en France. Comme son nom l'indique, il faisait référence à la Neustrie, une région historique correspondant approximativement au nord-ouest de la France actuelle (Normandie, Maine, Anjou, etc.).

Ci-dessous l'Ami de la Religion et du Roi.

Cependant, de nombreuses communes qui avaient exprimé de telles intentions n'ont pas forcément concrétisé ces projets, faute de moyens financiers ou en raison des changements politiques successifs.

Les habitants de Creully ne virent jamais la statue de Louis XVI mais purent profiter du premier puits de la place de l'église.
Son Excellence le ministre de l’Intérieur, craignant dans doute que cette dépense n’absorbât les ressources de la commune, ne crut pas devoir accorder l’autorisation qu’on lui avait demandée à cet effet.
D’après les conseils de l’autorité supérieure, une partie de la somme votée a été employée à la construction d’un puits public, sur lequel s’élève une colonne destinée à porter la statue.

Des années plus tard, la colonne fut détruite et, à son emplacement, une pompe fut installée, laquelle sera un jour surmontée d’un réverbère.

Les lettres décache­tées dans un champ près de Bayeux

  Nous retrouvons nos lavandières du Bessin au lavoir de Martragny.


Les lettres décache­tées dans un champ près de Bayeux en 1949.

Georgette: Eh bien, tu ne devineras jamais ce que j'ai entendu, Yvette Figure-toi qu’un jeune cultivateur de Martragny a trouvé dans son champ des centaines de lettres !

Yvette : Des lettres, tu dis ? Mais qu’est-ce qu’elles faisaient là ? C’est pas un endroit pour ça.

Georgette: Justement, c’est ça qui est incroyable. Ces lettres venaient de partout : Allemagne, Angleterre, Israël… et toutes étaient décachetées, sans leur timbre !

Yvette: Eh ben ça alors ! Sans leur timbre ? Mais qui donc s’amuserait à faire une chose pareille ?

Georgette: Apparemment, elles avaient été postées entre le 2 et le 20 décembre. La plupart venaient d’un bureau de poste parisien, rue Gluck. Et dans le lot, figure-toi qu’il y avait même des mandats et des chèques postaux nominatifs.

Yvette: Ah, les temps changent ! Et qu’ont fait les autorités ?

Georgette: La police s’est mise à enquêter, bien sûr ! Ils ont travaillé main dans la main : ceux de Rouen, ceux de Paris, et l'administration des P.T.T. Ils ont cherché pourquoi et surtout, qui avait bien pu faire ça.

Yvette: Ils ont trouvé le coupable, au moins ?

Georgette: Oh oui, figure-toi ! C’était un certain Henri Triairgnet, 19 ans à peine, un employé auxiliaire des P.T.T. de Paris.

Yvette: Oh la jeunesse… Et pourquoi diable aurait-il volé ces lettres ?

Georgette: Pour les timbres ! Rien que ça. Il les décollait des enveloppes pour les garder pour lui.

Yvette: Pour les timbres ? Mais quelle idée ! Risquer la prison pour ça, c’est à n’y rien comprendre.

Georgette: Eh oui, ma pauvre. Des choses bien étranges se passent de nos jours… Le monde tourne à l’envers, on dirait.

Les chouans à Tierceville près de Creully

          Le vent d’octobre soufflait avec âpreté sur la campagne normande, balayant les chemins assombris par la nuit. En cette soirée du 25 octobre 1796, vers dix heures, une troupe d’hommes armés sortit en silence de la maison de Thomas Jullien, un lieu bien connu pour abriter les réunions secrètes des chouans. Drapés dans l’ombre, ils se mirent en route vers la commune de Tierceville.

Une heure plus tard, ils s’arrêtèrent devant la demeure de Pierre Fierville, acquéreur de biens nationaux. Seul en sa maison, il ignorait encore le malheur qui allait s’abattre sur lui. Son épouse et sa fille, occupées à la veillée chez leur voisin Lavallée, cabaretier de son état, n’étaient pas là pour lui venir en aide.


Brusquement, un fracas brisa le silence nocturne. À grands coups de hache, la porte céda, projetant des éclats de bois dans la pièce. La serrure tomba à terre dans un bruit métallique, et, avant même qu’il ne puisse esquisser un geste, Fierville fut saisi. Tremblant, il voulut allumer sa chandelle, mais la peur paralysait ses mains. D’un geste brutal, l’un des assaillants arracha une poignée de paille du lit et la jeta sur les charbons ardents de la cheminée. Une flamme vive illumina aussitôt la pièce, projetant sur les murs des ombres dansantes, grotesques et menaçantes.


Affolé, craignant que l’incendie ne se propage, Fierville se précipita pour étouffer le feu, mais les chouans ne lui laissèrent aucune chance. Ils le plaquèrent à genoux, lui bandèrent les yeux avec ses propres guêtres, puis l’un d’eux posa le canon froid d’un pistolet contre sa tempe, tandis qu’un autre le tenait en joue avec un mousqueton. Accablé, il n’eut d’autre choix que de leur livrer tout ce qu’il possédait en numéraire : environ deux cent soixante-dix francs.

Pendant ce temps, dans l’étable voisine, sa femme et sa fille entendaient les gémissements du malheureux. Prisonnières sous la surveillance de plusieurs hommes armés, elles ne pouvaient lui porter secours. Dans un élan désespéré, deux d’entre elles tentèrent pourtant de fuir, mais à peine avaient-elles franchi le seuil que les brigands firent feu. Les balles sifflèrent dans la nuit sans atteindre personne, mais l’avertissement était clair. Terrifiées, elles furent contraintes de regagner leur prison, sous menace de mort. À travers les interstices de la porte, elles aperçurent des éclairs fugaces : les amorces des armes, comme autant de signaux de leur impuissance.

Lorsque, enfin, les chouans disparurent dans l’obscurité, les femmes purent regagner leur maison. Une odeur âcre flottait encore dans l’air. Dans la cheminée, la paille consumée rougeoyait faiblement. Tout était chaos et désolation.

Quelques instants plus tard, l’un des assaillants revint furtivement récupérer sa hache oubliée, puis il rejoignit ses compagnons qui, à l’aube naissante, retrouvèrent la maison de Thomas Jullien. Là, on les entendit compter l’argent volé et se partager leur butin, comme de sombres spectres festoyant au cœur de la nuit.

Deux habitants d'Amblie (près de Creully) ont eu la tête coupée...

 

Les frères Tillard, Pierre et Jean-Baptiste, condamnés par la cour d'assises le 30 mai 1824, subirent leur jugement le 16 juillet de la même année. Depuis longtemps, une exécution n’avait attiré autant de spectateurs. On aurait eu du mal à se figurer le nombre de personnes venues de la ville de Caen et des campagnes environnantes pour y assister.

Ces deux frères, dont l’aîné avait vingt-deux ans, étaient originaires d’Amblie, une paroisse voisine de Creully. Ils avaient assassiné une marchande de leur village le 9 janvier 1824,  qui, en plus de son activité commerciale, vendait à boire. Après l’avoir tuée, ils avaient jeté son corps à l’eau et volé tout ce qu’ils pouvaient emporter.

Le cadavre de la victime, entraîné par le courant, fut arrêté par un moulin, dont il bloquait le mécanisme. Le meunier le découvrit et put identifier le corps. On

Moulin à Amblie

entreprit alors des recherches dans le village et ses environs, mais celles-ci restèrent infructueuses dans un premier temps. C’est finalement un berger qui fit une découverte cruciale : dans une carrière, il remarqua qu’une ouverture, visible auparavant, avait été obstruée à l’aide de branches et de mottes de terre. Curieux, il décida de rouvrir l’endroit, où il trouva des effets enveloppés dans une blouse.

Le maire, Victor de Cairon, fut appelé pour examiner le contenu du paquet. Il identifia les marchandises appartenant à la victime et reconnut la blouse comme étant celle de l’un des frères Tillard. Dans la maison de la victime, on découvrit également, sur la table où les frères avaient bu, un bouton métallique identique à ceux du vêtement de l’un des deux frères, lequel était justement privé d’un bouton à son habit. Ces éléments accablants conduisirent à leur arrestation.

Les investigations révélèrent que les frères avaient attendu que la femme soit seule chez elle, car elle vivait habituellement avec une jeune fille. Des témoins affirmèrent les avoir croisés près de la maison le jour du crime.

Eglise d'Amblie

La mère des Tillard fut également arrêtée, mais elle fut finalement relâchée, aucune preuve directe ne permettant de l’incriminer. Cependant, il lui fut reproché la manière dont elle avait élevé ses enfants. Il apparut au cours des débats qu’elle les encourageait activement à voler. À chaque retour, elle leur demandait ce qu’ils avaient rapporté, les grondant lorsqu’ils rentraient les mains vides. Le père, en revanche, était reconnu comme un homme irréprochable.

Le comportement délinquant des frères avait rapidement suscité des soupçons à leur égard, soupçons qui furent confirmés par l’enquête. Jugés coupables, les frères Tillard furent condamnés à la peine capitale. Ils affrontèrent leur supplice avec une indifférence manifeste, sans prêter attention aux remontrances des ecclésiastiques qui les accompagnaient.

Le plus jeune, âgé de 19 ans, monta à l'échafaud en dansant.

Lorsque le dernier frère se retrouva sur la bascule, prêt à être exécuté, il déclara avoir des aveux à faire. Le bourreau lui répondit qu’il était trop tard et le poussa sous la lame. L’homme bougea tant pendant l’opération que le couperet lui fendit le crâne de manière imparfaite.

Le peuple ne manifesta aucune compassion pour ces deux criminels, qui quittèrent ce monde sans donner le moindre signe de repentir.

Crépon - 1675 - Histoire de cloches...

             L’année 1675 fut désastreuse pour le budget de l’église de Crépon : 329 livres de recettes contre 489 livres de dépenses, dont 418 consacrées à la refonte des cloches ! Le livre de comptes nous permet de suivre pas à pas cette grande opération.


Tout commence le 16 juin 1675, par une délibération des paroissiens. Sous la pression du curé, ils consentent à la refonte de leurs trois cloches et désignent Jean Le Blais, écuyer, sieur de la Vallée et alors trésorier en charge, pour traiter à Caen avec les fondeurs Jacques Jonchon et Pierre Buisson.

Ensuite, quatre charpentiers de Crépon – Robert et François Marie, Henri Foucher et Paul Corbel – descendent les cloches de la tour et abattent des arbres pour fabriquer une grue et des échafaudages.

Michel Vallée, fermier du poids du roi à Creully, vient lui-même à Crépon pour peser le métal des vieilles cloches. Le charpentier Mathieu Tilloy et le couvreur Jean Bayeux construisent dans le cimetière un grand appentis destiné à accueillir la fonte des nouvelles cloches, car celle-ci sera réalisée sur place.

François Gorette et François Fouquet, deux transporteurs, apportent à Crépon quatre charretées de gros cailloux, trois de petits et deux bannelées de terre rouge ou d’argile, nécessaires à la fabrication des fours. Les pierres, extraites de la carrière d’Orival par Clément Le Tellier, laboureur, lui valent la somme de 50 sols.

Une fois les nouvelles cloches fondues et pesées par Michel Vallée, il faut les monter dans le clocher. Pour cela, les charpentiers installent trois pièces de bois au-dessus du beffroi de la tour et deux planchers en dessous. S’aidant d’une échelle et d’un brancard qu’ils ont eux-mêmes confectionnés, ils achèvent leur ouvrage avec succès. Les cloches sont graissées avec deux livres de graisse blanche et une livre de graisse brune, puis... en avant le carillon !

Cependant, une telle entreprise ne pouvait se conclure sans un procès. En effet, les paroissiens de Crépon, sensibles à la qualité du son, ne tardent pas à constater que leurs cloches ne sont pas en harmonie. Sans attendre, Jean Le Blais se rend à Caen pour consulter l’avocat Gouville, qui intente un procès contre les deux fondeurs. Ces derniers sont condamnés à refondre la petite cloche et à la remettre au diapason.

Creully sur Seulles - Retraite des communiants de Creully à Douvres La Délivrande.

Le lundi de Pentecôte était pour les communiants et communiantes de la paroisse de Creully un jour de retraite en l'église de la Vierge de Douvres La Délivrande.

Les deux photos ci-dessous nous les montrent dans les rues de La Délivrande.

L'abbé Durand entouré des communiants

Merci à Michel Fafin