Le 29 Juillet 1631, Pierre de Pellevé, alors baron de Tracy, comte de Flers, épouse Henriette de Refuge, châlelaine de Bullou.
A la solennité du contrat, passé devant les notaires au Châtelet de Paris, assistent :
Très haut et très puissant seigneur messire Hercule de Rohan, duc de Montbazon, pair et grand veneur de France, chevalier des deux ordres du roi, gouverneur et lieutenant général pour le roi à Paris, Ile-de-France, comté et duché de Mantes, capitaine et gouverneur des villes, châteaux et citadelles de Soissons, Nantes, Noyon, Choisv et Caussy, chevalier d'honneur de la reine-mère; et très haute et très puissante dame Marie de Bretagne, duchesse de Montbazon, son épouse, oncle et tante du futur époux;
Très haut et très puissant seigneur Alexandre de Rohan, marquis de Marigny, comte de Rochefort, conseiller du roi en ses conseils d'Etat, gouverneur et lieutenant général des villes du Mans et Laval, le Maine et le Perche, aussi oncle maternel ;Très haut et très puissant prince monseigneur Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, pair et grand chambellan et grand fauconnier de France, gouverneur et lieutenant général en Haute et Basse Auvergne, cousin, à cause de très haute et très puissante princesse madame Marie de Rohan, son épouse.
Les dix premières années du nouveau ménage paraissent avoir été heureuses. Mais un ami de la maison, Antoine de Sillans IV, marquis de Creully, qui a ouvert largement sa bourse à Pierre de Pellevé et servi de parrain à son fils cadet, Antoine, fera bientôt suspecter ses sentiments à l'égard de la dame de Flers. L'avenir, loin de dissiper ces soupçons, ne fera que les confirmer. En effet, Henriette de Refuge, oubliant ses devoirs d'épouse et de mère, abandonnera son mari tombé dans le malheur, pour aller cohabiter avec le sieur de Creully, qu'elle épousera aussitôt que la mort du premier l'aura rendue libre (1660)
Le 23 Janvier 1645, Henri de Rohan, mis au courant de ce qui se passe au château de Flers, croit devoir user de sa qualité d'oncle pour prémunir, pendant qu'il en paraît temps encore, le comte de Flers des dangers qui le menacent. Il lui écrit donc la lettre que voici :
Mon neveu, j'ai reçu votre lettre et l'ai lue et bien considérée. Je ne vois là-dedans chose qui me plaise pour l'intérêt que je prends aux vôtres. Ne croyez pas que je ne sois porté entièrement au bien et honneur de votre maison, mais soufrés aussi que je vous en représente quelque chose. 1l est vrai qu'il y a quelque temps que je vous écrivis sur l'avis qui me fut donné que vous avez chez vous un souffleur que j'estime devoir être éloigné de votre maison à cause des conséquences qui s'en pourraient tirer tant contre votre honneur que contre votre bien. Si je vous aimais moins que je ne fais, je ne prendrais interêt en ce qui vous touche. C'est pourquoi je ne suis pas d'avis que vous le gardiez plus longtemps, si ne voulez que j'aie sujet de plainte de celui que j'aime comme étant mon neveu,
Vôtre très affectionné oncle à vous servir en toutes occasions légitimes.
H. de Rohan
Armes de Refuge : d’argent, à deux faces de gueules et deux serpents d’azur, tortillés ou ondoyans en pal, affrontés et brochant sur le tout.
Antoine IV de Creully épousa en secondes noces, en 1660, Henriette du Refuge, veuve du comte de Flers.