Quand les filles voulant se marier s'arrêtaient à Colombiers sur Seulles.


A une demi-lieue du cœur du bourg de Colombiers-sur-Seulles, surplombant la vallée de la Seulles, depuis le sommet du coteau, se dressait jadis une sentinelle de pierre, un monolithe imposant que l’on nommait « la Pierre Debout ». Ce menhir, sculpté par le temps et les éléments, s’élevait fièrement à 3,60 mètres, tel un vestige des âges oubliés, gardien silencieux d’un antique chemin où, disait-on, passait jadis une voie romaine.


Mais la Pierre Debout n’était pas qu’un simple roc figé dans l’éternité. Autour d’elle, les légendes murmuraient et les croyances s’entremêlaient. On racontait qu’elle était dotée d’un pouvoir mystérieux, capable d’exaucer les vœux de celles qui osaient la défier. Des pèlerins en route vers Notre-Dame de la Délivrande faisaient halte en ces terres, des jeunes filles en quête d’amour et de mariage se risquaient à accomplir un rite ancestral. Selon la tradition, elles devaient grimper sur le sommet du menhir, déposer une pièce de monnaie dans une cavité naturelle de la pierre, puis, le cœur battant, sauter dans le vide. Si l’épreuve était réussie, on disait que leur vœu d’union serait exaucé avant la fin de l’année.

Vers 1845, est-ce à force de recevoir les offrandes d’innombrables mains tremblantes d’espoir, la Pierre Debout finit par s’affaisser sous leur poids, emportée par le destin qu’elle avait si longtemps façonné ? On accusa les sabots des postulantes d'avoir déformé les cupules rituelles qui existaient sur la pierre. 

C’est ainsi que l’on cessa de la nommer simplement « la Pierre Debout », et qu’elle devint, à jamais, le « Menhir des Demoiselles », témoin muet des espoirs et des promesses d’antan.