Colombiers sur Seulles - 1846 - « Levez-vous ! Au secours ! À la garde ! »

 

Dans la nuit de samedi 2 à dimanche 5 mai 1846, entre onze heures et minuit, la commune de Colombiers-sur-Seulles fut mise en émoi. De toutes parts, on criait : « Levez-vous ! Au secours ! À la garde ! » Et chacun de se lever et d’accourir. La garde nationale fut requise, et le commandant de cette milice citoyenne se retrouva bientôt à la tête de quatorze hommes, dont le premier était le maître d’école, armé d’un bâton d’environ trois mètres de long.

Les autres citoyens s’armèrent de pelles, de fourches, de râteaux et d’autres instruments aratoires ; il ne manquait plus qu’une charrue en guise de canon. On eût dit une véritable armée révolutionnaire.

Que se passait-il donc ? Des voleurs avaient été signalés dans l’église ! On proposa d’envoyer chercher les gendarmes à Creully, de prévenir le maire, d’aller à Caen avertir le procureur du roi. Un malin suggéra même de sonner le tocsin. « Mais pour sonner le tocsin, » fit remarquer un troisième, « encore faut-il entrer dans l’église ! »

— Entrons !

        On introduisit la clé dans la serrure, la porte s’ouvrit… et que trouva-t-on ? Le custos, éclairé par une lanterne sourde, en train de balayer le temple.

Chacun fut vexé d’avoir été réveillé en sursaut. Bientôt, l’exaspération atteignit son comble, et il s’en fallut de peu pour que l’on ne lapidât le malheureux.

Cependant, le commandant, après lui avoir fait rendre non pas son épée, mais son balai, lui demanda pourquoi il balayait à une heure si tardive. Le custos répondit :

— J’avais envie d’aller à la foire demain, alors je mettais tout en ordre pour pouvoir partir.

Force fut aux assiégeants victorieux de se retirer sans punir le custos.

Et voilà comment, en cette mémorable nuit de mai 1846, le bourg de Colombiers fut mis en alerte.

L'écrit retrouvé mentionne "Colomby sur Seulles"...