Les lettres décache­tées dans un champ près de Bayeux

  Nous retrouvons nos lavandières du Bessin au lavoir de Martragny.


Les lettres décache­tées dans un champ près de Bayeux en 1949.

Georgette: Eh bien, tu ne devineras jamais ce que j'ai entendu, Yvette Figure-toi qu’un jeune cultivateur de Martragny a trouvé dans son champ des centaines de lettres !

Yvette : Des lettres, tu dis ? Mais qu’est-ce qu’elles faisaient là ? C’est pas un endroit pour ça.

Georgette: Justement, c’est ça qui est incroyable. Ces lettres venaient de partout : Allemagne, Angleterre, Israël… et toutes étaient décachetées, sans leur timbre !

Yvette: Eh ben ça alors ! Sans leur timbre ? Mais qui donc s’amuserait à faire une chose pareille ?

Georgette: Apparemment, elles avaient été postées entre le 2 et le 20 décembre. La plupart venaient d’un bureau de poste parisien, rue Gluck. Et dans le lot, figure-toi qu’il y avait même des mandats et des chèques postaux nominatifs.

Yvette: Ah, les temps changent ! Et qu’ont fait les autorités ?

Georgette: La police s’est mise à enquêter, bien sûr ! Ils ont travaillé main dans la main : ceux de Rouen, ceux de Paris, et l'administration des P.T.T. Ils ont cherché pourquoi et surtout, qui avait bien pu faire ça.

Yvette: Ils ont trouvé le coupable, au moins ?

Georgette: Oh oui, figure-toi ! C’était un certain Henri Triairgnet, 19 ans à peine, un employé auxiliaire des P.T.T. de Paris.

Yvette: Oh la jeunesse… Et pourquoi diable aurait-il volé ces lettres ?

Georgette: Pour les timbres ! Rien que ça. Il les décollait des enveloppes pour les garder pour lui.

Yvette: Pour les timbres ? Mais quelle idée ! Risquer la prison pour ça, c’est à n’y rien comprendre.

Georgette: Eh oui, ma pauvre. Des choses bien étranges se passent de nos jours… Le monde tourne à l’envers, on dirait.