La statue de Louis XVI sur la place de l’église de Creully.

La plus ancienne photographie de la place de l'église, datant probablement de 1870, nous permet d'apercevoir une colonne, source de bien des interrogations.

Collection de Michel Fafin
Pourquoi cette maçonnerie devant l'église saint Martin ?


Ainsi commence une nouvelle recherche dans les archives, qu'elles soient départementales ou nationales, pour un passionné d'histoire locale.


En 1821, la municipalité de Creully, dans le Calvados, a exprimé le souhait d’ériger une statue en l’honneur de Louis XVI. Cette demande s'inscrivait dans un mouvement plus large de réhabilitation du roi après la Restauration (1814-1830), lorsque la monarchie fut rétablie sous Louis XVIII.

La délibération du conseil municipal de Creully

Aujourd’hui six janvier mil huit cent vingt un,
Nous Jacques Paul Morice, maire de la commune de Creully, avons convoqué extraordinairement Mr les membres composant le conseil municipal de cette commune, conformément à la lettre de Mr le préfet du Calvados daté du 12 de ce mois.
Lesquels réunis sous notre présidence ont pris la décision suivante ;
-                     Ayant entendu le rapport que Mr le maire nous a fait sur l’intention où il était d’ériger sur la place de ce bourg un monument à la mémoire du Roi Louis XVI et sur la demande qu’il leur fait de voter une somme pour faire face à cette dépense :
-                     Considérant que l’érection de ce monument est une preuve nouvelle de l’attachement des habitants de la commune à la dynastie régnante, et par conséquence ne peut être que très agréable à tous les administrés ;
-                     Considérant que les fonds communaux peuvent être mieux employés qu’à transmettre à la postériorité un témoignage durable des bons sentiments qui unissent les habitants de Creully ;
-                      Considérant l’offre avantageuse que fait Mr le maire de faire l’avance d’une somme de trois mille six cents francs, sans intérêts, dont il serait remboursé par tiers les premiers fonds disponibles des trois années mil trois cent vingt-deux, mil huit cent vingt trois et mil huit cent vingt-quatre ;
 
Par ces motifs.
Le conseil à d’une voix unanime adopté le projet de Monsieur le maire, et a voté pour être mis à la disposition pour la confection de l’ouvrage à faire, la somme de trois mille six cents francs qui sera prise par tiers sur les premiers fonds disponibles des revenus communaux des années 1822, 1823 et 1824 et ont prié Mr le maire de faire connaître par la voie des journaux le projet d’érection du monument dont ainsi qu’à Monsieur Paysant, receveur de l’enregistrement en ce bourg.
Et la présente délibération qui a été arrêtée à Creully au lieu ordinaire des séances du conseil municipal des dits jours et an que dessus, et qui a été signé par Mrs les membres du conseil et Monsieur le maire, leur président.
(Reproduction du texte sans modifications grammaticales ou d'orthographe)

Lettre du maire au Ministre Secrétaire d'état du département de l'Intérieur :


Le devis estimatif :

Le plan retrouvé du projet :

Le projet de statue.

Oldelly, sculpteur statuaire , elève des écoles italienne et française, avantageusement connu à Paris, par ses ouvrages, possédant l'art de saisir la parfaite ressemblance a était directeur de l'école d'architecture et de sculpture de Caen.
La presse prit la plume pour relater ce projet "Creullois" comme l'Observateur Neustrien qui fit un article critique.
L'Observateur neustrien était un journal publié au XIXe siècle en France. Comme son nom l'indique, il faisait référence à la Neustrie, une région historique correspondant approximativement au nord-ouest de la France actuelle (Normandie, Maine, Anjou, etc.).

Ci-dessous l'Ami de la Religion et du Roi.

Cependant, de nombreuses communes qui avaient exprimé de telles intentions n'ont pas forcément concrétisé ces projets, faute de moyens financiers ou en raison des changements politiques successifs.

Les habitants de Creully ne virent jamais la statue de Louis XVI mais purent profiter du premier puits de la place de l'église.
Son Excellence le ministre de l’Intérieur, craignant dans doute que cette dépense n’absorbât les ressources de la commune, ne crut pas devoir accorder l’autorisation qu’on lui avait demandée à cet effet.
D’après les conseils de l’autorité supérieure, une partie de la somme votée a été employée à la construction d’un puits public, sur lequel s’élève une colonne destinée à porter la statue.

Des années plus tard, la colonne fut détruite et, à son emplacement, une pompe fut installée, laquelle sera un jour surmontée d’un réverbère.