Les seigneurs de Courseulles disposaient non seulement de droits de pêcheries et de pêche, mais ils jouissaient également d’un autre privilège, appelé « tentes à oiseaux » ou simplement « tentes ». Dans les marais proches de la mer, se trouvaient des mares appelées « canardières ». Près de ces mares, on installait des abris, tels que des huttes ou des tentes, permettant aux chasseurs de se dissimuler pour attendre et abattre les oiseaux sauvages. Aujourd’hui, cette pratique est connue sous le nom de chasse au gabion.
Cela nous amène à se souvenir de l'histoire de "la demoiselle de Courseulles".
Sos ciel ne trovast l'ons plus belle,
Ne plus sage, ne plus corseise."
Laissons Silviane et Germaine nous la conter:
Sylviane : Tu connais l’histoire des marais de
Courseulles ?
Germaine : Un peu, mais raconte-moi. J’ai
toujours entendu dire que ça avait
causé bien des disputes.
Sylviane : Oh oui, les marais étaient au cœur de
nombreux conflits entre les seigneurs et leurs hommes. Chacun réclamait la
propriété et l’usage des terres. Ça a donné lieu à des procès interminables,
qui remontent jusqu’à 1460 et se sont poursuivis pendant des siècles.
Germaine : Quel bazar ! Et cette fameuse digue,
elle date de quand ?
Sylviane : Après un gros coup de mer qui a
détruit la dune protégeant les terres, ils ont dû construire une digue de 200
mètres. En plus, ils ont installé un aqueduc à clapet pour drainer l’eau des
marais à basse mer.
Germaine : Ils ne manquaient pas d’imagination,
ces anciens. Mais attends, ce n’est pas tout, non ? Il me semble qu’il y avait
une histoire de jeune fille qui s’était aventurée là-bas.
Sylviane : Ah, la belle histoire ! Une jeune
fille de Courseulles, douce et jolie comme un agnelet, s’est un jour retrouvée
coincée dans une mare des marais. Heureusement, son chien, Stop, s’est mis à
hurler et a attiré un baron qui chassait non loin de là avec deux amis.
Germaine : Et le baron l’a sauvée ?
Sylviane : Oui, mais pas sans conditions ! Il
lui a demandé : « Que nous donneras-tu, la belle, si nous te sortons de là ? »
Tu sais ce qu’elle a répondu ?
Germaine : Non, dis-moi !
Sylviane : « Sortez-moi d’abord, et après, on
verra ! » Une fois hors de l’eau, l’un des seigneurs a réclamé un baiser et son
cœur. Mais elle a tenu tête : « Mon cœur n’est pas pour un baron, mais pour mon
Pierre, mon mignon ! » Elle a ensuite fait un salut élégant et est partie,
suivie de son chien.
Germaine : Quelle audace ! Et ensuite, qu’est-il
arrivé ?
Sylviane : Eh bien, les seigneurs ont raconté
l’histoire à la baronne au château. Elle a été tellement impressionnée par la
sagesse et la vertu de la jeune fille qu’elle l’a convoquée. La baronne lui a
promis une dot pour son mariage avec Pierre. En plus, elle a proposé de couvrir
tous les frais d’église, selon les anciens statuts synodaux « de Patrimonio » (voir ci-dessous).
Germaine : Quelle belle fin ! Comme quoi, rester
fidèle à son amour finit parfois par porter ses fruits.
Sylviane : Absolument. Une vraie leçon de
courage et de droiture.