Nous sommes en janvier 1841 au lavoir sur la Seulles à Creully.
Marie : Alors les filles, vous avez entendu parler de ce qui est arrivé au petit Pierre Marie ?
Louise : Oh oui, quelle histoire ! C’était ce matin, en
allant à l’école avec sa sœur Madeleine.
Jeanne : Raconte, je n’ai pas tout saisi, moi.
Marie : Eh bien, ils ont croisé ce jeune Armand Costil, le
domestique agricole de la veuve Mesnil.
Louise : Oui, je vois bien. Il revenait de Creully, où il
était allé acheter des pétards pour faire peur aux corbeaux, sur ordre de sa
patronne.
Jeanne : Des pétards ? Mais quelle drôle d’idée… Et alors ?
Marie : Figure-toi qu’en chemin, il en a donné un à un
autre écolier, le petit André Françoise, avec la consigne de le faire éclater.
Louise : Mais le pauvre garçon n’avait pas d’allumettes !
Jeanne : Ça ne s’arrête jamais là, ces bêtises…
Marie : Exactement. Un certain Paris passait par là, et
lui, il en avait des allumettes. Il en a donné une à André, et voilà qu’ils
allument le pétard.
Louise : Et là, le drame…
Marie : Oui, la déflagration a tardé. Le petit Pierre, sans
doute curieux, a voulu saisir le pétard. Et boum, il a explosé dans ses mains !
Jeanne : Mon Dieu ! Et il va bien, au moins ?
Louise : Fort heureusement, oui. Il a été transporté chez le
pharmacien par ce même Paris. Il paraît que les blessures ne sont pas graves.
Jeanne : Ouf, c’est un soulagement.
Marie : Oui, mais son père, furieux, a déjà déposé une
plainte contre Armand Costil et ce Paris.
Jeanne : Eh bien, ça va jaser dans le village, c’est sûr.