décret du 29 décembre 1905 prévoit l’inventaire des biens des Eglises, notamment de l’église catholique afin de préparer la dévolution de ces biens aux associations cultuelles définies dans l’article 4 de la loi.
Les inventaires ont été dressés en 1906, pour chaque établissement public de culte existant avant 1905, à savoir les fabriques, chargées d’administrer les paroisses et les menses curiales et succursales qui étaient destinées à assurer les dépenses personnelles et pastorales du curé.
La porte de la sacristie de l'église de Villiers est forcée. |
Réveillé en
sursaut par le tumulte, le curé, l’abbé Podevin, au regard désorienté, se hâta
vers l’église, son sanctuaire. À peine avait-il franchi le seuil que des
villageois accoururent, haletants, un agent lui lit la procuration. Mais la
peur de perdre ce qui lui était cher galvanisa son esprit : il repoussa toute
négociation. Profitant d’un moment d’inattention des agents, il se précipita
vers la sacristie, et, dans un élan de détermination, entreprit de barricader
la porte.
Cependant, la ruse ne tarda pas à s’estomper. Trois agents, furtifs comme des ombres, surgirent, poussèrent la porte avec vigueur et, dans une lutte déséquilibrée, réussirent à faire entrer le fonctionnaire. Le rapport de forces était désavantageux : trois contre un, et la victoire fut rapide.
Un jeune
garçon, à peine âgé de quinze ans, accourut vers l’église, une pince à la main.
En un instant, les placards furent forcés, l’inventaire entamé avec une hâte
déconcertante. Dans l’ombre de l’autel, le curé et le président de la fabrique,
un vieil homme presque aveugle, se tenaient là, chantant d’une voix tremblante
le « Parce Domine », ancrés dans leur résistance.
Dehors, la
foule, au regard résolu, tentait de se frayer un chemin à travers le cordon de
gendarmes, des uniformes omniprésents et oppressants. Des cris de protestation
s’élevaient, des mains se levaient pour défendre leur église, leur curé.
Certains, dans un acte de désespoir, cherchaient à pénétrer le cimetière par le
presbytère, mais chaque tentative se heurtait à une résistance implacable.
Alors, dans un
ultime élan de solidarité, quelques hommes s’infiltrèrent dans un jardin,
escaladant le mur qui séparait le cimetière du reste du monde. Ils atteignirent
enfin le sanctuaire, mais hélas, trop tard ! La scène qu’ils découvrirent était
celle de la désolation : tout avait disparu, tout était fini. La lutte, les
chants et l'espoir s’étaient évaporés dans la brume de ce matin tragique.
Villiers-le-Sec ne serait plus jamais tout à fait le même.