Cette petite localité, voisine de Creully), n'a pas vu l'érection d'une nouvelle chapelle à la suite de l'héritage fait par son maire.
Est valable la disposition testamentaire faite au
profit d'une église vicariale non encore existante ni construite, à l'époque du décès du testateur. Arrêt de la cour
royale de Caen, 1829.
Voici les faits. M.
Antoine Lepelletier, décédé le 26 juillet 1824, maire de la commune
de Tierceville (Calvados), avait inséré dans son testament olographe , les dispositions suivantes : " Je
donne et lègue au desservant de l'église de Tierceville, pourvu que les
habitants de la commune puissent parvenir, même dans cinq ou six ans après mon décès, à faire ériger la dite église en succursale, annexe ou
chapelle rurale, l'herbage nommé le pré Saint- Gilles ou du Colombier, sis au
territoire de Creuilly, aux arbornements, etc. ; et quatre hectolitres de
froment pris sur mes biens
de Tierceville, à charge par le dit desservant et ceux qui lui succéderont de
dire par chaque semaine, deux messes recommandées, chaque dimanche, pour le
repos de mon âme et celle de mes père et mère, et un service anniversaire le
jour qui répondra à celui de ma mort................................. Il
est à remarquer
que c'est pour le desservant que je donne le pré Saint-Gilles, parce qu'à ce
moyen on n'aurait point de difficulté à faire ouvrir l'église de Tierceville, ni
à la maintenir ouverte si elle l’était ; car si ladite église n'était point
ouverte pour le culte, au moins six ans après ma mort, la donation deviendrait
nulle pour ce qui regarde l'église seulement ; et dans le cas où elle ne serait
point ouverte, je donne et lègue à l'église de Vienne 200
fr. de rente perpétuelle, pour cent messes par chaque année, aux intentions
ci-dessus, et rien que le blé à Tierceville, que le curé de Creuilly distribuera aux pauvres de Tierceville, comme il le jugera
bien…. En ce qui concerne l'église, j'ai voulu m'occuper de
moi et de mes père et mère (l'on n'y pensera peut-être guère), c'est pourquoi
ma volonté est qu'on ne manque en rien du tout à cette disposition. "
Le pigeonnier sur la route de Tierceville à Creully est construit sur le terrain légué. |
Plan (découvert aux archives de l'évêché) de la paroisse de Tierceville où figure également le bourg de Creully. |
L'avis de la cour :
Considérant qu'il doit
d'autant mieux en être ainsi, que ce n'est pas même, à proprement parler, au
profit de l'église, mais bien de la commune de Tierceville et dans ses intérêts,
que le legs en question a eu lieu, qu'en effet, ce sont les habitants et non l'autorité ecclésiastique
que le testateur charge de poursuivre auprès du gouvernement l'érection de la
dite chapelle vicariale, que c'est afin qu'ils n'aient pas de difficulté à
faire ouvrir leur église, qu'il dispose de son herbage pour le desservant ;
qu'ils sont donc véritablement les légataires ; qu'il n'y a pas
d'exception à tirer de ce qu'ils ne figurent pas au procès par le ministère de
leur maire ; car la fabrique a été autorisée, par ordonnance du roi, à
requérir l'exécution du testament, et, à cet égard, elle représente suffisamment la commune, puisqu'elle est
préposée à l'administration de la partie des intérêts de cette commune, qui
touche aux ressources destinées à pourvoir aux frais du
culte. La Cour confirme.