En
1765, devant Antoine Du Ruel, notaire à Tracy, Olivier d'Amours, écuyer, seigneur
de la paroisse de Villiers-le-Sec, fit don de maisons et pièces de terre, pour
la fondation d’une école en ce village, afin d’instruire tous les enfants de la
paroisse qui voudront y aller.
Un texte retrouvé aux Archives du Calvados précise les conditions:
Il est nécessaire de choisir un homme de bonnes mœurs, capable de s'acquitter de
la fonction de maître d’école avec fruit et édification. Il sera nommé et
établi par un acte en forme par le donateur sa vie durant et après par le
propriétaire du fief de Villiers.*
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Emplacement de l'école |
Le sujet choisi devra être "de l’état
laïque, doué des qualités de la dite fonction"; on ne pourra en aucun temps,
ni sous aucun prétexte, établir un ecclésiastique "de quelque qualité et
mérite qu'il puisse être orné", parce que le logement, les honoraires,
fonds et revenus, sont trop modiques pour une personne de l’état
ecclésiastique, et parce que les personnes de cet état sont destinées à
des fonctions plus
nobles et plus distinguées, parce que cette fonction bien exercée pourrait être
un obstacle à un ecclésiastique de s’acquitter des devoirs de son état, parce
que le respect dû aux ecclésiastiques, faisant une juste et respectueuse impression
sur les esprits, pourrait arrêter les justes plaintes et leur effet, et ce respect
mal entendu pourrait faire préjudice à l’instruction des enfants. Il n’en serait
pas de même à l’égard d’un laïc qui laisserait une plus grande liberté de se
plaindre; en cas d’inexécution de cette clause, dévolution aux paroissiens,
dont intéressés à ce choix, par rapport à
leurs enfants, du consentement au moins présumé des autres intéressés,
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L'école, rue de Bayeux |
choisiraient le maître d’école. Celui-ci peut être révoqué pour cause
d'ignorance, de négligence marquée, injustes et graves traitements envers les
enfants (sans cependant préjudicier au droit, liberté et même devoir du maître
d’école pour les punir, corriger et assujettir à l’heure réglée), ou pour
conduite scandaleuse, après délibération et exprès vouloir du seigneur et de 4
principaux habitants intéressés; les écoliers auront toujours pour leur maître
le respect et l'obéissance juste et raisonnable ; si quelqu’un y manquait notablement
et persévéramment
, le maître pourrait cesser de l’instruire
et faire sortir de sa classe sans qu’on puisse en inférer rien contre lui, ni
lui imputer rien de mauvais; en donnant bon exemple à ses écoliers et
écolières, il les exhortera aussi à vivre chrétiennement, leur apprendra à lire
au français et au latin, ainsi qu’aux écritures manuscrites, à écrire, compter et
calculer autant que chacun d’eux sera capable d’en profiter et que son esprit
et son intelligence en pourront porter; si la santé, la voix, les affaires et
autres motifs raisonnables le lui permettent, il aidera les dimanches et fêtes
à célébrer l’office divin à l’église paroissiale, mais il ne pourra être custos
de la fabrique, ni employé pour l’administration des sacrements, afin de n’être
pas distrait des devoirs et fonctions de son office ; si sa bonne volonté et le
temps le lui permettent, il fera le catéchisme à ses écoliers. Il emploiera
l’espace de temps convenable, eu égard au nombre d’écoliers, le matin et l’après-midi de chaque jour; il recevra les garçons de 5 à 18 et les filles
de 3 à 12 ans : après cet âge il sera libre de les garder ou expulser. Il y
aura vacance pendant le mois d’août et la semaine sainte, et l’après-midi du
samedi de chaque semaine, dans les semaines où il n’y aura pas de fête. Il ne
percevra rien des écoliers pour ses peines et fonctions.
Le dit seigneur donne
une salle pour tenir l’école, fermant à porte et serrure, avec des fenêtres garnies de châssis remplis de verre et de treillis de fil de fer en dehors de ladite salle,
garnie en dedans d’une table de 13 pieds de long sur 3 de large, et au-dessous,
entre les pieds, 2 planches de 10 pieds au moins de long, pour déposer les
papiers des écoliers ; il y a 3 bancs de 12 pieds environ de long aux côtés de
la table, et des sièges de bois tout autour de la salle avec des planches
au-dessus contre les murs, également pour déposer les livres des écoliers, une armoire
de bois de chêne, fermant à clef et serrure, attachée contre le mur, et une
chaise à bras, ou fauteuil enfoncé de paille, pour l’usage du maître d’école ;
au dehors de ladite salle, 2 pieds de largeur de terrain sur l’étendue de la
salle, servant de passage avec le voisin, la cour, la salle et étable avec
grenier se tenant ensemble, dont le maître d’école ne pourra rien affermer, la
moitié du jardin potager sis derrière la maison de l’école et du voisin, 2 sillons
de terre avec pommiers à Villiers-le-Sec, delle des Crottes-Hamelin, contenant environ
5 vergées, avec les héritages de 2 vergées ½ en 2 sillons paroisse du Manoir,
80 livres de rente foncière, assise à Vaussieux, 10 livres de rente foncière, assise à Villiers-le-Sec, 23 livres de rente foncière, assise audit
Villiers-le-Sec. Si les paroissiens refusent de faire les grosses réparations,
le maître d’école leur signifiera qu’il les fera à ses frais et dépens , parce
que pour s'en faire récompenser il fera payer par les parents des écoliers 6 sols par mois pour les lecteurs et 8 pour les
écrivains, jusqu’à remboursement; il cessera d’instruire ceux qui ne voudront
payer ledit écolage. En cas d’élection d’un maître d'école choisi autrement
qu’en les formes susdites, sans le consentement du seigneur, substitution au
bénéfice des pauvres malades de l’Hôpital de Bayeux, pour fondation d’un lit
auquel le seigneur nommera.