Cour d’Assises du Calvados - Audience du 4 août 1853
Une affaire capitale était soumise au jury. Un assassinat avait été commis à Creully, le 3 mai dernier, par une mère sur sa petite fille de 4 ans. L'accusée est la nommée
Marie-Alphonsine Rivoire, âgée de 26 ans, femme du sieur Josso, épicier à Creully. On sait que, profitant de l'absence de son mari, qui était ce jour-là parti à cinq heures pour Caen, la femme Josso s'était enfermée dans sa maison, et que. vers six heures du matin, elle avait
allumé un réchaud rempli de charbon, dans la chambre où elle avait passé la nuit avec sa petite fille. L’enfant, qui dormait encore profondément à cette heure, éprouva à plusieurs reprises, des convulsions et expira vers trois heures de l’après-midi. Il parait que cette- femme, d'un caractère impérieux et irritable, vivait en mauvaise intelligence avec son mari, homme doux et paisible. Voulant exercer une horrible vengeance contre son mari, dont elle croyait avoir à se plaindre, elle avait, avec un affreux sang-froid, ménagé au sieur Josso, pour son retour, au moment où il irait embrasser sa fille, la terrible surprise de ne trouver qu'un cadavre. Ce qui eut lieu, en effet, pour ce malheureux père, qui entourait son enfant de l’amour et des soins les plus tendres.
L’accusée a paru à l’audience vêtue de noir et coiffée d’un bonnet brodé. Sa physionomie est assez régulière et intelligente, mais étrangement déparée par un air de-méchanceté. Son attitude devant le jury était réservée, mais on remarquait avec peine que ses réponses étaient faites sans émotion aucune et avec une grande sécheresse d’accent.
Les charges déjà si graves de l'information ont été augmentées au débat; les témoins ont confirmé en tous points les bases de l’accusation. La déposition du sieur Josso, époux de l’accusée, père de la victime, faite avec l’accent de la douleur, a produit sur l’auditoire la plus vive impression. Il est, en outre, ressorti des débats de graves présomptions, que ce malheureux père aurait été, à plusieurs reprises, l'objet de tentatives d’empoisonnement de la part de sa femme. Le jury, après une courte délibération, a rapporté une déclaration de culpabilité, mais infligée par des circonstances atténuantes. La femme Josso a été condamnée aux travaux forcés à perpétuité.
Cette malheureuse a entendu son arrêt avec l’impassibilité la plus complète.
Au mois de juin 1885, Marie Rivoire fut retrouvée noyée dans la Seulles. Depuis la veille, elle avait disparue de son domicile, laissant sur la table de la cuisine un billet à l'adresse de sa fille qui était allée chercher du pain, disant qu'elle ne rentrerait pas. Graciée en 1867, elle était sous surveillance et se conduisait bien. Elle laisse seule sa fille de 16 ans.
(Le nom des personnes a été changé.)
Une affaire capitale était soumise au jury. Un assassinat avait été commis à Creully, le 3 mai dernier, par une mère sur sa petite fille de 4 ans. L'accusée est la nommée
Marie-Alphonsine Rivoire, âgée de 26 ans, femme du sieur Josso, épicier à Creully. On sait que, profitant de l'absence de son mari, qui était ce jour-là parti à cinq heures pour Caen, la femme Josso s'était enfermée dans sa maison, et que. vers six heures du matin, elle avait
allumé un réchaud rempli de charbon, dans la chambre où elle avait passé la nuit avec sa petite fille. L’enfant, qui dormait encore profondément à cette heure, éprouva à plusieurs reprises, des convulsions et expira vers trois heures de l’après-midi. Il parait que cette- femme, d'un caractère impérieux et irritable, vivait en mauvaise intelligence avec son mari, homme doux et paisible. Voulant exercer une horrible vengeance contre son mari, dont elle croyait avoir à se plaindre, elle avait, avec un affreux sang-froid, ménagé au sieur Josso, pour son retour, au moment où il irait embrasser sa fille, la terrible surprise de ne trouver qu'un cadavre. Ce qui eut lieu, en effet, pour ce malheureux père, qui entourait son enfant de l’amour et des soins les plus tendres.
L’accusée a paru à l’audience vêtue de noir et coiffée d’un bonnet brodé. Sa physionomie est assez régulière et intelligente, mais étrangement déparée par un air de-méchanceté. Son attitude devant le jury était réservée, mais on remarquait avec peine que ses réponses étaient faites sans émotion aucune et avec une grande sécheresse d’accent.
Les charges déjà si graves de l'information ont été augmentées au débat; les témoins ont confirmé en tous points les bases de l’accusation. La déposition du sieur Josso, époux de l’accusée, père de la victime, faite avec l’accent de la douleur, a produit sur l’auditoire la plus vive impression. Il est, en outre, ressorti des débats de graves présomptions, que ce malheureux père aurait été, à plusieurs reprises, l'objet de tentatives d’empoisonnement de la part de sa femme. Le jury, après une courte délibération, a rapporté une déclaration de culpabilité, mais infligée par des circonstances atténuantes. La femme Josso a été condamnée aux travaux forcés à perpétuité.
Cette malheureuse a entendu son arrêt avec l’impassibilité la plus complète.
Au mois de juin 1885, Marie Rivoire fut retrouvée noyée dans la Seulles. Depuis la veille, elle avait disparue de son domicile, laissant sur la table de la cuisine un billet à l'adresse de sa fille qui était allée chercher du pain, disant qu'elle ne rentrerait pas. Graciée en 1867, elle était sous surveillance et se conduisait bien. Elle laisse seule sa fille de 16 ans.
(Le nom des personnes a été changé.)