Avant-hier mercredi, vers cinq heures du soir, un orage épouvantable a éclaté sur la ville de Bayeux et sur une partie du Bessin. Depuis le matin, l'atmosphère était d'unechaleur écrasante, lorsque tout-à-coup une pluie torrentielle, mêlée de tonnerre et d’éclairs, vint à fondre avec violence ; en quelques minutes, les rues inondées n'offrirent plus que de larges ruisseaux, interceptant les communications.
Puis une véritabletrombe d'énormes grêlons el de morceaux de glace vint compliquer le désastreux effet de cette bourrasque, et causer de grands dégâts dans tous les quartiers. Des toitures en verre, des serres, des cloches à melons ont été complètement brisées ; des jardins ont été ravagés, des planches entières de légumes et de fleurs ont été littéralement bâchées. Une hirondelle a été ramassée morte, tuée par la grêle. Enfin, dans la plupart des habitations, ce n’était que débris d'ardoises, de carreaux et de plâtre. Personne n'a souvenir, à Bayeux, d'un pareil désastre.
Cecataclysme s'est étendu sur toute la contrée. Il s’est fait sentir surtout sur une partie des cantons de Balleroy, de Tilly, de Ryes et de Creully. Sur le territoire d'une commune non loin de Creully, une femme âgée, conduisant une vache, a été tuée par la foudre. La vache, qui a été portée à plus de vingt mètres, qui se trouvait à quelques pas de la premiere, est restée paralysée. On nous a montré un glaçon apporté de Creully, d'une largeur de quinze centimètres. On s’accorde heureusement jusqu’à présent à constater que les désastres sur les récoltes ne sont pas aussi considérables qu'on eût pu le craindre. Partout où l'orage a sévi, beaucoup de pommiers ont été dépouillés de leurs fleurs.