On se rappelle que le 17 novembre 1840 un incendie détruisit environ 80% des maisons de Creully. A la suite des sapeurs-pompiers partis en toute hâte de Caen pour porter secours, aux malheureuses victimes de ce grand sinistre, était un jeune enfant nommé Denier ; le courageux petit bonhomme se fit remarquer par son intelligence et son sang-froid sur les lieux du désastre ; et la compagnie, qui l'avait compté au nombre des
travailleurs, lui fit prendre part aux rafraîchissements qui furent servis quand le danger fut passé. Depuis ce temps, Denier était devenu comme l'enfant du régiment, son père étant mort dernièrement par suite de sesefforts à éteindre l'incendie de Beaulieu à Caen. Les liens qui l'unissaient à notre bonne et brave compagnie se sont encore resserrés: dimanche, à la revue, M. le capitaine Jobert, ayant fait former le cercle, rappela aux pompiers la touchante histoire de leur protégé, et leur demanda s'il ne se trouverait pas parmi eux quelque maître ouvrier qui voulût élever le pauvre orphelin et lui apprendre un métier ; vingt voix s'élevèrent aussitôt ; M. Becquémié, serrurier, rueSaint-Martin, plus diligent, sortit desrangs, prit l'enfant par la main et réclama, comme premier intervenant, le noble privilège de faire un honnête homme et un bonouvrier du petit Denier. L'enfant pleurait à chaudes larmes en embrassant son bienfaiteur, et l'émotion avait gagné plus d'un spectateur de cette scène attendrissante. Les journaux de l’époque furent heureux de raconter ce bel acte à la population du Calvados.