SÉANCE
DU VENDREDI 4 DÉCEMBRE 1931
Présidence de M. le Dr
GOSSELIN,
ancien Président
Le château de Creully
était au XIIe siècle un des plus
importants de Basse-Normandie, avec ceux de Caen et de Falaise. Ils
comportaient tous trois une vaste enceinte entourée de tours, sur un côté de
laquelle était un grand donjon rectangulaire. Ce donjon, bien conservé à
Falaise, a disparu à Caen, et a été très remanié à Creully.
Les châteaux de Caen
et de Creully présentent, en outre, l’intérêt
d'avoir conservé de grandes salles romanes qui sont, pour l'histoire de
l'architecture civile aux XIe
et XIIe
siècles, des œuvres aussi rares que remarquables. A Caen, c'est l'ancienne
salle de l'Echiquier de Normandie, qui doit remonter à la fin du
XIe siècle et nous
fournit un magnifique exemplaire d'architecture civile dans le premier style
roman de Normandie, à une époque où l'art de voûter les édifices est encore
imparfaitement connu des constructeurs normands et où la décoration sculptée
reste assez primitive.
A Creully, la grande
salle basse, qui forme aujourd'hui les caves du château, est une construction
grandiose du XIIe siècle.
Les Normands savent alors couvrir leurs édifices de puissantes voûtes
d'ogives, comme celles qui ont été ajoutées après coup sur la nef dans les
églises de Saint-Etienne et de la Trinité à Caen; mais l'architecture
et la décoration restent par ailleurs entièrement romanes, celle-ci devenant,
au reste, plus riche qu'à l'époque précédente et se caractérisant, en
particulier, par l'emploi des chapiteaux à godrons ou à entrelacs.
Il y a ainsi à Creully deux salles se faisant suite, couvertes de quatre et de cinq puissantes croisées d'ogives sur plan barlong. Ces salles sont en contrebas par rapport au sol actuel, à l'intérieur de l'enceinte du château, mais elles dominent à l'extérieur de très haut la vallée de la Seulles, vers laquelle elles s'ouvrent, à travers le mur de l'enceinte, par une série de fenêtres encadrées de colonnes à chapiteaux godronnés et pourvues latéralement de bancs ou l'on pouvait s'asseoir.
Il y a ainsi à Creully deux salles se faisant suite, couvertes de quatre et de cinq puissantes croisées d'ogives sur plan barlong. Ces salles sont en contrebas par rapport au sol actuel, à l'intérieur de l'enceinte du château, mais elles dominent à l'extérieur de très haut la vallée de la Seulles, vers laquelle elles s'ouvrent, à travers le mur de l'enceinte, par une série de fenêtres encadrées de colonnes à chapiteaux godronnés et pourvues latéralement de bancs ou l'on pouvait s'asseoir.
Au château voisin de
Fontaine-Henri, il subsiste, sous l'édifice actuel de la Renaissance et dans
une situation un peu analogue, une autre salle basse magnifique, également voûtée
d'ogives et qui sert, elle aussi, maintenant de cave. Cette salle est un peu
plus récente que celle de Creully, et ses voûtes présentent un curieux mélange
de fidélité à la tradition locale et de caractères nouveaux attestant l'influence
de l'architecture gothique de l'Ile-de-France, telle qu'elle se marque après le
milieu du XIIe siècle dans plusieurs monuments religieux de
Normandie.
Les
châteaux de Caen, de
Creully et de Fontaine-Henri nous ont ainsi conservé de très belles œuvres
d'architecture civile, à trois moments de l'histoire de
l'art normand qui ne sont en général connus que par des œuvres d'architecture
religieuse. Et parmi ces trois œuvres, la grande salle basse de Creully est un
monument remarquable de l'époque, encore mal connue, où les architectes
normands se sont montrés particulièrement originaux en inventant, sans doute,
et en employant sur de larges espaces la voûte sur croisée d'ogives, avant
d'avoir encore subi l'influence artistique de
l'Ile-de-France.