Dans les eaux bouillonnantes |
Mardi soir, Mme Vve G., 61 ans, ouvrière agricole, demeurant à Tierceville, quittait son domicile à bicyclette pour se rendre, comme tous les jours, à son travail. Elle ne devait pas reparaître. Victime d'un accident, Mme G., qui avait heurté le parapet du pont de la route d'Arromanches, à la sortie de Creully, avait été projetée dans les eaux grossies par les pluies.
D'habitude. Mme G. se rendait à son travail, chez M. Levoir, cultivateur à Creully, en coupant à travers les champs. L'employée était une personne toujours exacte. Mardi, pour une raison quelconque. Mme G. avait utilisé sa bicyclette.
Le premier inquiet a été M. Levoir, employeur de Mme G., qui devait venir chez lui pour traire les vaches à 17 heures, comme tous les jours.« Ne la voyant pas arriver, je suis allé chez elle à Tierceville. Son jeune fils m'a appris qu’elle était partie à bicyclette. Sans doute avait-elle descommissions à faireà Creully.»
M. Levoir ayant aperçu la bicyclette de Mme G., alla demander le concours de son commis pour reconnaître la machine. C'était bien le vélo de la brave femme.
« Le vélo, je l'avais bien vu... » C'est M. Pézeril qui parle. Habitant de la maison sous laquelle passe le cours d'eau, il fut intrigué de le voir. « Je ne pouvais dire à qui il appartenait. C'est M. Levoir qui l'a reconnu. Mais j'ai tout de suite pensé à un accident... »
Mr Pézeril |
Cependant, jusqu'à hier matin à 10 heures, la noyade de Mme G. n'était qu'une hypothèse. Appuyée sur des détails solides, mais une hypothèse. La confirmation, les pompiers l'ont fournie en retirant avec un grappin le tablier de la disparue. Le vêtement a été formellement reconnu par la fille de Mme G. : «C'est bien le tablier de maman...» Et de constater : « La bretelle est arrachée... »
Sans doute a-t-il été arrachée dans le choc avec le parapet. Ainsi le tablier n'apportait pas la preuve que le corps se trouvait au même endroit. Il pouvait logiquement avoir été emporté très loin. La rivière est profonde de trois mètres sur deux kilomètres.
C'est pourquoi à ce moment, le commandant des pompiers, M. Châtaigner, a pris une décision pratique en divisant les pompiers en deux groupes. Un groupe partant de Colombiers, allant à la rencontre de celui qui descendait le courant à partir de Creully.
Après la découverte du tablier de Mme G., le fils aîné de la disparue se rendait à la brigade de gendarmerie et demandait qu'un plongeur soit appelé pour procéder à des recherches sous la maison de M. Pézeril,
« Je veux, disait le fils aîné, au nom de la famille, que tout soit mis en œuvre pourretrouver notre mère. »
Mr Levoir, employeur de madame G. a participé aux recherches |
Dans cette famille, ils sont onze enfants : quatre frères et sept .sœurs. Le plus jeune, un garçon de 15 ans, vivait avec sa mère.
C'était le dernier à rester à la maison. Tous les autres, plus grands, ont suivi leur chemin dans la vie, mais aujourd'hui tous se retrouvent unis autour du benjamin privé d'une mère dont il avait encore besoin pour vivre, et d'un père disparu lui aussi il y a deux ans.(Je n'ai pas retrouvé la date exacte)