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Creully sur Seulles
Creully sur Seulles et ses environs, des villages aux multiples histoires
Le jeu de noix de Creully (Creully sur Seulles)

Dans un essai sur le patois normand du Bessin de C. Joret, dans une définition de "Poje", il est préciser un lieu du Bessin: Creully. De quoi me lancer dans une recherche sur ce jeu de noix.

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Jeu de noix avec le triangle tracé. |
Retour aux XVIIe et XVIIIe siècles à Saint Gabriel (Creully sur Seulles)
C’est tout un pan du passé qui s’offre à nous dans les archives départementales du Calvados. La semaine dernière, je me suis immergé dans les siècles écoulés à Saint-Gabriel-Brécy. J’y ai consulté des liasses de documents datant des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment des états du domaine du prieuré et des bénéfices des cures. C’est là que j’ai découvert des plans, que je vous présente aujourd’hui.
Plan issu d'une liasse de documents datée du XVIIIe siècle. |
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Deux autres plans sont très intéressants par leurs représentations de détails.
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Plan issu d'une liasse de documents datée :1547-1772. |
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Plan où apparaît le site du futur château dit de "le Martinique". |
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Détails situés sur un plan cadastral |
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Le prieuré |
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Moulin du prieuré sur la Seulles |
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Moulin sur le bief (emplacement du moulin actuel) |
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Déversoir entre la Seulles et le bief |
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Ferme (emplacement du futur château) |
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Déversoir |
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La chapelle du prieuré |
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Roues de moulin |
L’Ombre d’une Discorde à Saint-Gabriel (Creully sur Seulles)
Au
cœur de la région de Bayeux, là où les pommiers courbent l’échine sous le poids
des saisons et où les murs de pierre gardent les secrets des hommes, vivait
Jean-Jacques Bilheux. Cet homme de quarante et un hivers, né sous le ciel gris
de Fresnay-le-Crotteur, avait fait de la terre son royaume et de ses mains
calleuses son seul langage. Sa demeure, modeste et fière, se dressait à
Saint-Gabriel, presque collée à celle de son voisin, le sieur Blanlot,
propriétaire terrien dont les terres jouxtaient les siennes.Saint Gabriel
Autrefois,
une entente parfaite unissait ces deux hommes. Leurs pas, familiers, évitaient
la grand-route pour emprunter une brèche discrète, creusée dans le mur mitoyen
qui séparait la cour de Bilheux du jardin de Blanlot. Un passage informel,
symbole d’une amitié sans nuages, où les mots se partageaient aussi
naturellement que les fruits de la saison. Mais le temps, ce sculpteur
impitoyable des destins, avait peu à peu transformé leur camaraderie en une
inimitié sourde, puis en une haine tenace. Désormais, leurs regards se
croisaient comme des lames, et leurs propriétés, jadis reliées par la
confiance, étaient devenues des forteresses interdites l’une à l’autre.
Ce
11 mars 1846, vers deux heures de l’après-midi, alors que le soleil déclinant
dorait à peine les toits de Saint-Gabriel, le sieur Blanlot franchit d’un pas
décidé la limite invisible qui séparait désormais les deux hommes. Il pénétra
dans la cour de Bilheux, le visage rouge de colère, les poings serrés. Des
poules, disait-il, avaient disparu de son poulailler, et des pigeons, abattus
sans pitié. Ses accusations jaillirent comme des coups de fouet : «
Bilheux, si vous persistez à voler mes volailles, sachez que je prendrai les
mesures qui s’imposent pour y mettre un terme ! »
Bilheux,
debout sur le seuil de sa maison, ne broncha pas. Son regard, sombre comme un
ciel d’orage, se posa sur l’intrus. D’une voix rauque, il lui intima l’ordre de
quitter sa propriété sur-le-champ, ajoutant, menaçant : « Partez, ou je
vous loge un coup de pistolet ! »
Blanlot
ricana, les lèvres tordues par un sourire de défi. « Vous n’oseriez pas,
Bilheux. On ne tire pas sur un homme comme on chasse le gibier. »
À
peine ces mots eurent-ils franchi ses lèvres que la porte de Bilheux
s’entrouvrit dans un grincement sinistre. Un coup de feu claqua, sec, déchirant
le silence de l’après-midi. La balle siffla, mais Blanlot, par quelque miracle,
en réchappa. Rien ne prouvait, il est vrai, que Bilheux eût visé son cœur.
Peut-être n’avait-il voulu que l’effrayer, lui rappeler que la peur, elle
aussi, peut être une arme.
«
Ah ! Scélérat ! s’écria Blanlot, la voix tremblante d’indignation. Tu as donc
tenté de m’assassiner ! »
«
Non, rétorqua Bilheux, impassible. Je n’ai fait que vous glacer le sang. »
Mais
Blanlot, d’abord saisi par l’envie de fuir, s’était rapproché malgré lui de la
maison, comme attiré par une force invisible. Il n’était plus qu’à deux pas du
seuil lorsque Bilheux l’aperçut de nouveau. Alors, d’un geste vif, il saisit
son fusil, chargé de plomb mêlé, et rugit : « Te voilà encore ! Si tu
avances d’un seul pas, je te réduis en cendres ! Recule, ou je tire ! »
Blanlot
hésita, puis fit un mouvement en avant. Un éclair traversa l’air. Le fusil
gronda, crachant sa mortelle colombe. La décharge frappa Blanlot en plein
ventre, mais par un caprice du sort, les blessures, bien que redoutables en
apparence, se révélèrent moins graves qu’on ne l’eût craint. Les vêtements
épais, peut-être, avaient amorti le choc, ou bien l’arme, mal chargée, avait
trahi son maître.
Quand
vint l’heure du jugement, le jury dut trancher : Bilheux avait-il délibérément
tiré sur Blanlot ? Lui avait-il infligé ces blessures ? Avait-il, enfin,
cherché à lui ôter la vie ? Les jurés écartèrent cette dernière accusation,
mais reconnurent les faits, tout en y voyant des circonstances atténuantes.
Bilheux fut condamné à deux années de prison, un châtiment qui scella pour
longtemps le sort de ces deux hommes, liés à jamais par une discorde sanglante
et un destin brisé.
En 1900, un illustrateur Américain Joseph Pennel a croqué Creully (Creully sur Seulles).
La rue de Caen |
Les moulins du district de Bayeux en 1794
émanant des organes centraux de l’État français. Dans le cadre de mes recherches, je remonte le temps en me rendant en région parisienne pour y découvrir des trésors d’archives laissés par nos ancêtres. Aujourd’hui, je vous présente un document exceptionnel : un recueil concernant les moulins du district de Bayeux, datant de 1794.
Arrêté les administrateurs du directoire du district de Bayeux le 22 germinal l’an 2 (11 avril 1794) de la République Françaises et indivisible.
Un moulin à trois
tournants,
sur la Drôme ; Il peut faire 50 quintaux de farine dans 24 heures. La
sècheresse arrête une partie de ces tournants.
Cahagnolles
Trois moulins situés sur un petit cours
d’eau ; et pour cette raison très sujet au repos forcé.
Castillon
Un moulin à trois tournants à un quart de
lieue de la grande route. Il peut faire 40 quintaux de farine par jour. Il est
sujet à manquer d’eau.
La Bazoque
Deux moulins à eau à chacun un
tournant ; dont un en assez mauvais état peut moudre 13 quintaux de grains par jour quand les eaux sont
hautes. La sécheresse l’arrête à moitié du jour pendant deux mois. Le deuxième,
à peu près dans le même état et du même produit, manque presque entièrement
d’eau pendant trois mois.
Un moulin à eau à deux tournants. Il peut moudre 20 quintaux par jour. Il
est sujet à être arrêté par les hautes et basses eaux.
Bernières
Un moulin à un tournant qui, par défaut
d’eaux, est la moitié du temps sans moudre.
Condé sur Seulles
Un moulin à eau à deux tournants sur la Seulles ; en bon état. Son repos, par année est de 8 à 10 jours.
Ellon
Un moulin à deux tournants, à eaux.
Continuellement occupé.
Nonant
Trois moulins. Deux à grains et l’autre à
fouler les étoffes. Ceux à grains, dont un à deux tournants, sont situés sur la
Seulles. Le foulon, à un tournant, est sur un ruisseau.
Le Verney
Un moulin à eau. Il peut moudre par jour
18 quintaux dans les eaux hautes et 8 dans les basses.
Subles
Un moulin à un quart de lieue de la grande
route et en état de faire de bonne farine.
Trungy
Un moulin à eau à deux tournants sujet à
manquer d’eau pendant trois mois. A un quart de lieue de la grande route.
La Cambe
Deux moulins. L’un à eau, l’autre à vent.
Asnières
Un moulin à eau, il peut moudre deux
quintaux de grain par jour. Il est en mauvais état.
Briqueville
Englesqueville
Un moulin au repos forcé tous les étés.
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La représentation des moulins sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle |
Grandcamp
Deux moulins à eaux, qui à raison du flux
de la mer, ne peuvent moudre qu douze heures par jour, 30 quintaux de farine.
Létanville
Un moulin à vent appartenant à la nation
et provenant du ci-devant Évêché de Bayeux, abandonné depuis la Révolution.
Longueville
Un moulin pour l’usage d’une seule maison,
à laquelle à peine il peut suffire.
Commes
Trois moulins.
Guéron
Deux moulins à chacun deux tournants qui meulent en dessous.
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1838 - Le moulin de Guéron est à louer. |
Marigny
Un moulin à eau sur l’Aure, à trois quarts
de lieue de la grande route.
Monceaux
Un moulin à eau à deux tournants sur
l’Aure, à un demi quart de lieue de la grande route. Il peut moudre 20 quintaux
de grains dans 24 heures. Il est en bon état.
Saint Loup
Un moulin à eau à deux tournants. Il meut
25 quintaux de farine dans 24 heures. Les réparations et les dérivations d’eaux
s’arrêtent 40 jours dans l’année.
Sully
Un moulin à eau proche de la grande route,
à deux tournants. Il est sujet à être arrêté au tiers de l’année par les
hauteurs et chasseurs d’eaux.
Vaucelles
Un moulin à eau à deux tournants. Il meut
20 quintaux par jour. Il souffre peu de retard par la sécheresse.
Vaux
Quatre moulins dont trois à deux
tournants. Ils sont situés sur l’Aure.
Barbeville
Trois moulins dont deux à deux tournants,
situés sur la Drôme. Le troisième à un tournant situé sur un ruisseau. Ils sont
situés entre deux grandes routes.
Blay
Un moulin à eau à deux tournants, à eau, à
trois quarts de lieue des grandes routes.
Crouay
Deux petits moulins à trois tournants pour
tous les deux. Ils font de la farine de bonne qualité, mais manquant d’eau
l’été.
Maisons
Deux moulins.
Mosles
Un
moulin qui meut en dessus, à 300 toises de la grande route.
Russy
Un moulin à eau à une demi-lieue de la
grande route, faisant très peu de travail.
Ranchy
Un moulin à deux tournants et à eau, à un
quart de lieue de la grande route.
Ste Honorine des pertes
Deux moulins qui font chacun deux à trois
quintaux de farine par jour, par le moyen d’une source qui foule par-dessus la
roue.
Trévières
Trois moulins à eau dont un à deux
tournants, ils manquent d’eau dans le temps de sécheresse, au point de ne
pouvoir moudre trois quintaux de grains par jour.
Agnerville
Trois moulins à eau situer à une demi-lieue
de la grande route. Ils meulent par jour environ 20 quintaux de farine. Mais
ils manquent d’eau dans le temps de sécheresse.
Bernesq
Deux moulins à eaux qui ne meulent que
dans les grandes eaux. Ils sont proches de la route de Littry à Isigny.
Colombières
Un moulin à eau à deux tournants
Engranville
Un moulin à eau à un tournant, à un demi-lieue
de la grande route, faisant 11 à 12 quintaux de farine par jour en grande eau,
mais très sujet à un manque dans l’été.
Formigny
Un petit moulin à eau qui peut moudre 17
quintaux de grains par jour. Il est en bon état mais sujet à la sécheresse.
Louvières
Trois moulins dont deux à eau de très peu
d’importance. Ils ne meulent que chacun deux quintaux de froment dans 24
heures. Le troisième est à vent, en mauvais état, et ne sert que dans le cas
d’un grand besoin.
Saon
Un moulin à eau faisant 15 quintaux de
belle farine dans 24 heures, dans les grandes eaux. Mais étant situé sur une
petite rivière, il est sujet à la sécheresse.
Saonnet
Un moulin à deux tournants, dont un en
mauvais état. Il appartient à la nation.
Saint Laurent
Trois moulins dont un meut par eau de
source 2 quintaux de grains dans 24 heures. Les deux autres qui ne peuvent
marcher que par l’eau de pluie en meulent bien moins.
Surain
Un moulin à eau appartenant à la nation,
situé sur la grande route. Il n’a qu’un tournant qui peut moudre 12 quintaux en
24 heures.
Colleville
Trois moulins situés sur un ruisseau au bord de la mer. Ils peuvent moudre l’hiver et l’été chacun 3 quintaux de farine.
Le château de Brécy dans un carnet de dessins conservé à INHA
Lors de cette visite, il réalisa sur un carnet des dessins du château de Brécy. Ce dernier est conservé par l'Institut National de l'Histoire de l'Art (INHA).
En voici quelques uns.