Le jeu de noix de Creully (Creully sur Seulles)

Dans un essai sur le patois normand du Bessin de C. Joret, dans une définition de "Poje", il est préciser un lieu du Bessin: Creully. De quoi me lancer dans une recherche sur ce jeu de noix. 


 L
e jeu consiste à faire entrer les noix dans un petit trou creusé dans le sol.

Il y avait plusieurs jeux de noix. D’une certaine distance, les enfants jetaient une à une des noix dans une pot à col très étroit ou un trou fait dans le sol. Cet exercice ressemblait à ce qu’on appelle parfois le jeu du tonneau  dans d'autres provinces. Ou bien il fallait, d’un but déterminé, abattre avec une noix un petit tas composé de trois noix posées par terre et surmontées d’une quatrième. Il est a noté que cette dernière façon de jouer a été remplacée dans notre contrée par celui de la "galloche" avec des plombs et un morceau de manche à balais ( J'y jouais avec mon grand-père Barette).
Une autre  règle se rapproche du jeu de billes où il fallait dans une rangée ou dans un triangle de noix en atteindre une, et quelquefois avec cette condition qu’on n’en dérangerait pas d’autres.

Jeu de noix avec le triangle tracé.






Retour aux XVIIe et XVIIIe siècles à Saint Gabriel (Creully sur Seulles)

 C’est tout un pan du passé qui s’offre à nous dans les archives départementales du Calvados. La semaine dernière, je me suis immergé dans les siècles écoulés à Saint-Gabriel-Brécy. J’y ai consulté des liasses de documents datant des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment des états du domaine du prieuré et des bénéfices des cures. C’est là que j’ai découvert des plans, que je vous présente aujourd’hui.

Plan issu d'une liasse de documents datée du XVIIIe siècle.
Pour vous faciliter la lecture, voyez ci-dessous des repères.

Deux autres plans sont très intéressants par leurs représentations de détails.

Plan issu d'une liasse de documents datée :1547-1772.
Plan où apparaît le site du futur château dit de "le Martinique".

Détails situés sur un plan cadastral
Détails:
Le prieuré
Moulin du prieuré sur la Seulles
Moulin sur le bief (emplacement du moulin actuel)
Déversoir entre la Seulles et le bief 
Ferme (emplacement du futur château)
Le moine, auteur du document, y dessina quelques détails:
Déversoir
La chapelle du prieuré
Roues de moulin
Sources: Archives du 14 - Prieuré de St gabriel

Le puit Saint Jacques du château de Creully (Creully sur Seulles).

Le 7 mai 1808, les conseillers municipaux de Creully votèrent la construction d'une tonnelle sur le puit du château qui porte le nom de "puit St Jacques" dans la délibération. Pourquoi ce nom ? Un mystère.




Seule la base en pierre du puit est visible comme "pot de fleurs".



L’Ombre d’une Discorde à Saint-Gabriel (Creully sur Seulles)

         Au cœur de la région de Bayeux, là où les pommiers courbent l’échine sous le poids des saisons et où les murs de pierre gardent les secrets des hommes, vivait Jean-Jacques Bilheux. Cet homme de quarante et un hivers, né sous le ciel gris de Fresnay-le-Crotteur, avait fait de la terre son royaume et de ses mains calleuses son seul langage. Sa demeure, modeste et fière, se dressait à Saint-Gabriel, presque collée à celle de son voisin, le sieur Blanlot, propriétaire terrien dont les terres jouxtaient les siennes.

Saint Gabriel

Autrefois, une entente parfaite unissait ces deux hommes. Leurs pas, familiers, évitaient la grand-route pour emprunter une brèche discrète, creusée dans le mur mitoyen qui séparait la cour de Bilheux du jardin de Blanlot. Un passage informel, symbole d’une amitié sans nuages, où les mots se partageaient aussi naturellement que les fruits de la saison. Mais le temps, ce sculpteur impitoyable des destins, avait peu à peu transformé leur camaraderie en une inimitié sourde, puis en une haine tenace. Désormais, leurs regards se croisaient comme des lames, et leurs propriétés, jadis reliées par la confiance, étaient devenues des forteresses interdites l’une à l’autre.

Ce 11 mars 1846, vers deux heures de l’après-midi, alors que le soleil déclinant dorait à peine les toits de Saint-Gabriel, le sieur Blanlot franchit d’un pas décidé la limite invisible qui séparait désormais les deux hommes. Il pénétra dans la cour de Bilheux, le visage rouge de colère, les poings serrés. Des poules, disait-il, avaient disparu de son poulailler, et des pigeons, abattus sans pitié. Ses accusations jaillirent comme des coups de fouet : « Bilheux, si vous persistez à voler mes volailles, sachez que je prendrai les mesures qui s’imposent pour y mettre un terme ! »

Bilheux, debout sur le seuil de sa maison, ne broncha pas. Son regard, sombre comme un ciel d’orage, se posa sur l’intrus. D’une voix rauque, il lui intima l’ordre de quitter sa propriété sur-le-champ, ajoutant, menaçant : « Partez, ou je vous loge un coup de pistolet ! »

Blanlot ricana, les lèvres tordues par un sourire de défi. « Vous n’oseriez pas, Bilheux. On ne tire pas sur un homme comme on chasse le gibier. »

À peine ces mots eurent-ils franchi ses lèvres que la porte de Bilheux s’entrouvrit dans un grincement sinistre. Un coup de feu claqua, sec, déchirant le silence de l’après-midi. La balle siffla, mais Blanlot, par quelque miracle, en réchappa. Rien ne prouvait, il est vrai, que Bilheux eût visé son cœur. Peut-être n’avait-il voulu que l’effrayer, lui rappeler que la peur, elle aussi, peut être une arme.

« Ah ! Scélérat ! s’écria Blanlot, la voix tremblante d’indignation. Tu as donc tenté de m’assassiner ! »

« Non, rétorqua Bilheux, impassible. Je n’ai fait que vous glacer le sang. »

Mais Blanlot, d’abord saisi par l’envie de fuir, s’était rapproché malgré lui de la maison, comme attiré par une force invisible. Il n’était plus qu’à deux pas du seuil lorsque Bilheux l’aperçut de nouveau. Alors, d’un geste vif, il saisit son fusil, chargé de plomb mêlé, et rugit : « Te voilà encore ! Si tu avances d’un seul pas, je te réduis en cendres ! Recule, ou je tire ! »

Blanlot hésita, puis fit un mouvement en avant. Un éclair traversa l’air. Le fusil gronda, crachant sa mortelle colombe. La décharge frappa Blanlot en plein ventre, mais par un caprice du sort, les blessures, bien que redoutables en apparence, se révélèrent moins graves qu’on ne l’eût craint. Les vêtements épais, peut-être, avaient amorti le choc, ou bien l’arme, mal chargée, avait trahi son maître.

Quand vint l’heure du jugement, le jury dut trancher : Bilheux avait-il délibérément tiré sur Blanlot ? Lui avait-il infligé ces blessures ? Avait-il, enfin, cherché à lui ôter la vie ? Les jurés écartèrent cette dernière accusation, mais reconnurent les faits, tout en y voyant des circonstances atténuantes. Bilheux fut condamné à deux années de prison, un châtiment qui scella pour longtemps le sort de ces deux hommes, liés à jamais par une discorde sanglante et un destin brisé.

 

En 1900, un illustrateur Américain Joseph Pennel a croqué Creully (Creully sur Seulles).

Joseph Pennell, né le 4 juillet 1857 à Philadelphie et mort le 4 avril 1926 (à 68 ans) à Brooklyn, est un illustrateur, graveur lithographe et écrivain américain. Il est principalement connu pour ses lithographies de Londres et New York ainsi que ses ouvrages sur l'illustration et la lithographie. J’ai trouvé les deux dessins ci-dessous dans un ouvrage intitulé : Sur les routes et les chemins de Normandie.



La rue de Caen




Les moulins du district de Bayeux en 1794

 Les Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine conservent les documents
émanant des organes centraux de l’État français. Dans le cadre de mes recherches, je remonte le temps en me rendant en région parisienne pour y découvrir des trésors d’archives laissés par nos ancêtres. Aujourd’hui, je vous présente un document exceptionnel : un recueil concernant les moulins du district de Bayeux, datant de 1794.

Arrêté les administrateurs du directoire du district de Bayeux le 22 germinal l’an 2 (11 avril 1794) de la République Françaises et indivisible.


Bal sur Drôme (Balleroy)               

Un moulin à trois tournants, sur la Drôme ; Il peut faire 50 quintaux de farine dans 24 heures. La sècheresse arrête une partie de ces tournants.

Cahagnolles              

Trois moulins situés sur un petit cours d’eau ; et pour cette raison très sujet au repos forcé.

Castillon                               

Un moulin à trois tournants à un quart de lieue de la grande route. Il peut faire 40 quintaux de farine par jour. Il est sujet à manquer d’eau.

La Bazoque                          

Deux moulins à eau à chacun un tournant ; dont un en assez mauvais état peut moudre 13 quintaux de grains par jour quand les eaux sont hautes. La sécheresse l’arrête à moitié du jour pendant deux mois. Le deuxième, à peu près dans le même état et du même produit, manque presque entièrement d’eau pendant trois mois.

Agy                                        

Un moulin à eau à deux tournants. Il peut moudre 20 quintaux par jour. Il est sujet à être arrêté par les hautes et basses eaux.

Bernières                              

Un moulin à un tournant qui, par défaut d’eaux, est la moitié du temps sans moudre.

Condé sur Seulles     

Un moulin à eau à deux tournants sur la Seulles ; en bon état. Son repos, par année est de 8 à 10 jours.


Ellon                                     

Un moulin à deux tournants, à eaux. Continuellement occupé.

Nonant                                  

Trois moulins. Deux à grains et l’autre à fouler les étoffes. Ceux à grains, dont un à deux tournants, sont situés sur la Seulles. Le foulon, à un tournant, est sur un ruisseau.

Le Verney                             

Un moulin à eau. Il peut moudre par jour 18 quintaux dans les eaux hautes et 8 dans les basses.

Subles                                   

Un moulin à un quart de lieue de la grande route et en état de faire de bonne farine.

Trungy                                  

Un moulin à eau à deux tournants sujet à manquer d’eau pendant trois mois. A un quart de lieue de la grande route.

La Cambe                            

Deux moulins. L’un à eau, l’autre à vent.

Asnières                                

Un moulin à eau, il peut moudre deux quintaux de grain par jour. Il est en mauvais état.

Briqueville                            

Trois moulins, dont deux pour moudre en dessus, le troisième en dessous. Ils sont en repos forcé tous les étés.

Englesqueville                      

Un moulin au repos forcé tous les étés.

La représentation des moulins sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle

Grandcamp              

Deux moulins à eaux, qui à raison du flux de la mer, ne peuvent moudre qu douze heures par jour, 30 quintaux de farine.

Létanville                              

Un moulin à vent appartenant à la nation et provenant du ci-devant Évêché de Bayeux, abandonné depuis la Révolution.

Longueville                           

Un moulin pour l’usage d’une seule maison, à laquelle à peine il peut suffire.

Commes                                

Trois moulins.

Guéron                                 

Deux moulins à chacun deux tournants qui meulent en dessous.

1838 - Le moulin de Guéron est à louer.

Marigny                                

Un moulin à eau sur l’Aure, à trois quarts de lieue de la grande route.

Monceaux                             

Un moulin à eau à deux tournants sur l’Aure, à un demi quart de lieue de la grande route. Il peut moudre 20 quintaux de grains dans 24 heures. Il est en bon état.

Saint Loup                           

Un moulin à eau à deux tournants. Il meut 25 quintaux de farine dans 24 heures. Les réparations et les dérivations d’eaux s’arrêtent 40 jours dans l’année.

Sully                                      

Un moulin à eau proche de la grande route, à deux tournants. Il est sujet à être arrêté au tiers de l’année par les hauteurs et chasseurs d’eaux.

Vaucelles                               

Un moulin à eau à deux tournants. Il meut 20 quintaux par jour. Il souffre peu de retard par la sécheresse.

Vaux                                      

Quatre moulins dont trois à deux tournants. Ils sont situés sur l’Aure.

Barbeville                             

Trois moulins dont deux à deux tournants, situés sur la Drôme. Le troisième à un tournant situé sur un ruisseau. Ils sont situés entre deux grandes routes.

Blay                                       

Un moulin à eau à deux tournants, à eau, à trois quarts de lieue des grandes routes.

Crouay                                 

Deux petits moulins à trois tournants pour tous les deux. Ils font de la farine de bonne qualité, mais manquant d’eau l’été.

Maisons                                

Deux moulins.

Mosles                                   

 Un moulin qui meut en dessus, à 300 toises de la grande route.

Russy                         

Un moulin à eau à une demi-lieue de la grande route, faisant très peu de travail.

Ranchy                                 

Un moulin à deux tournants et à eau, à un quart de lieue de la grande route.

Ste Honorine des pertes      

Deux moulins qui font chacun deux à trois quintaux de farine par jour, par le moyen d’une source qui foule par-dessus la roue.

Trévières                               

Trois moulins à eau dont un à deux tournants, ils manquent d’eau dans le temps de sécheresse, au point de ne pouvoir moudre trois quintaux de grains par jour.

Agnerville                             

Trois moulins à eau situer à une demi-lieue de la grande route. Ils meulent par jour environ 20 quintaux de farine. Mais ils manquent d’eau dans le temps de sécheresse.

Bernesq                                

Deux moulins à eaux qui ne meulent que dans les grandes eaux. Ils sont proches de la route de Littry à Isigny.

Colombières             

Un moulin à eau à deux tournants

Engranville                           

Un moulin à eau à un tournant, à un demi-lieue de la grande route, faisant 11 à 12 quintaux de farine par jour en grande eau, mais très sujet à un manque dans l’été.

Formigny                              

Un petit moulin à eau qui peut moudre 17 quintaux de grains par jour. Il est en bon état mais sujet à la sécheresse.

Louvières                              

Trois moulins dont deux à eau de très peu d’importance. Ils ne meulent que chacun deux quintaux de froment dans 24 heures. Le troisième est à vent, en mauvais état, et ne sert que dans le cas d’un grand besoin.

Saon                                      

Un moulin à eau faisant 15 quintaux de belle farine dans 24 heures, dans les grandes eaux. Mais étant situé sur une petite rivière, il est sujet à la sécheresse.

Saonnet                                 

Un moulin à deux tournants, dont un en mauvais état. Il appartient à la nation.

Saint Laurent                       

Trois moulins dont un meut par eau de source 2 quintaux de grains dans 24 heures. Les deux autres qui ne peuvent marcher que par l’eau de pluie en meulent bien moins.

Surain                       

Un moulin à eau appartenant à la nation, situé sur la grande route. Il n’a qu’un tournant qui peut moudre 12 quintaux en 24 heures.

Colleville                               

Trois moulins situés sur un ruisseau au bord de la mer. Ils peuvent moudre l’hiver et l’été chacun 3 quintaux de farine.


Le château de Brécy dans un carnet de dessins conservé à INHA

 François de Marliave, né le 10 octobre 1874 à Toulon et mort le 11 janvier 1953 à Draguignan, était un peintre voyageur et illustrateur français d'Aix-en-Provence qui fit un voyage dans notre région dont à Brécy (Creully sur Seulles).
Lors de cette visite, il réalisa sur un carnet des dessins du château de Brécy. Ce dernier est conservé par l'Institut National de l'Histoire de l'Art (INHA).
En voici quelques uns.


Source: INHA Paris